Football : Fouzi Lekjaa s’active pour la candidature marocaine au Mondial 2026
Fraîchement élu au comité exécutif de la CAF, le très dynamique président de la fédération marocaine œuvre activement à la candidature de son pays à l’organisation du Mondial 2026.
Fouzi Lekjaa, 46 ans, est un homme pressé. Et pour cause. Le 16 mars, le patron de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) – et accessoirement directeur du budget au ministère de l’Économie et des Finances, un poste éminemment stratégique qu’il occupe depuis 2010 – a été confortablement élu au comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF) par 41 voix contre 7 à l’Algérien Mohamed Raouraoua, permettant au Maroc de faire son grand retour dans l’instance panafricaine, alors qu’Issa Hayatou cédait son fauteuil présidentiel au Malgache Ahmad Ahmad, que le Marocain a soutenu.
Il y a seulement quatre ans, Fouzi Lekjaa était peu connu dans le monde du foot chérifien. Il n’était alors que président de la RS Berkane, le club de sa ville natale, qu’il avait fait accéder en Ligue 1. L’ambitieux quadra diplômé de l’École nationale d’administration (ENA) de Rabat détrônera Ali Fassi Fihri lors d’une assemblée générale agitée de la FRMF, à Skhirat, à la fin du mois d’août 2013.
Il a des objectifs très précis : il sait écouter, déléguer, mais à la fin, il décide
Proche de Mohamed Ouzzine, l’ancien ministre des Sports, Lekjaa avait en tête un vaste projet de développement du football marocain qu’il a mis en musique dès son élection. « Il a des objectifs très précis : il sait écouter, déléguer, mais à la fin, il décide », résume l’entraîneur français Bertrand Marchand, qui l’a côtoyé à Berkane.
Au Maroc, Lekjaa est perçu comme un bon gestionnaire, ce que confirme Marchand. Ce n’est pourtant pas ce que rapportent plusieurs titres de la presse marocaine selon lesquels des joueurs auraient engagé des procédures pour obtenir le paiement de sommes qui leur étaient dues. Doté d’un fort caractère, dépeint comme « sanguin, assez autoritaire et plutôt rancunier », selon une source locale, Lekjaa n’a pas hésité à répondre sèchement à Hervé Renard, le sélectionneur national, après que celui-ci a expliqué, au soir d’un match nul contre la Côte d’Ivoire, en novembre dernier, à Marrakech, que « pour avoir des résultats il faut avoir de bons joueurs ». Le dirigeant, après avoir reproché au Français de ne pas assez communiquer avec la presse locale, lui a rappelé que « c’était à lui de trouver les joueurs ».
Priorité au Mondial 2026
Mais la priorité actuelle de Lekjaa est la très probable candidature du royaume à l’organisation du Mondial 2026, qui réunira pour la première fois de l’histoire de la compétition 48 équipes. Les pays intéressés ont jusqu’à la fin de 2018 pour déposer leur dossier. À ce jour, deux candidatures conjointes, que Gianni Infantino, le président de la Fifa, voit d’un bon œil, sont évoquées : États-Unis-Mexique-Canada, d’un côté, Maroc-Espagne-Portugal, de l’autre.
« Une Coupe du monde à 48, cela demande une grosse logistique. Le Maroc a des stades déjà fonctionnels [Casablanca, Agadir, Fès, Tétouan, Marrakech, Rabat], et des projets d’agrandissement ou de construction sont lancés ou à l’étude [un nouveau stade à Casablanca, Oujda, Laayoune, Kenitra] », plaide l’ex-international marocain Abdeslam Ouaddou.
Cette volonté d’accueillir l’élite du football mondial s’inscrit dans un projet global, comme le rappelle Abdelkhalek Louzani, qui a dirigé les Lions de l’Atlas ainsi que de nombreux clubs locaux : « Lekjaa va vite, car le Maroc a pris du retard. Il engage des moyens pour la formation des jeunes et des cadres, et l’amélioration des infrastructures. Le royaume a fait son retour au sein de l’Union africaine (UA) et veut être un leader en Afrique, notamment via la diplomatie sportive. »
Des partenariats avec des fédérations africaines
La FRMF a signé des conventions de partenariat avec près de quarante fédérations du continent dans le cadre de programmes de développement. Des entreprises marocaines vont ainsi prendre en charge la pose de pelouses synthétiques au Burkina Faso.
Au Maroc, l’activisme de Lekjaa séduit plus qu’il ne dérange. « Il a bien sûr des ennemis, poursuit Louzani, car il bouscule les habitudes. » Sa décision de faire prélever directement à la source les impôts des joueurs et des entraîneurs, taxés à hauteur de 30 %, alors que la FRMF s’en chargeait auparavant, n’est pas la moins significative.
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