En Guinée équatoriale, les automobilistes ont du mal à accepter les péages

Le réseau routier du pays surclasse largement celui de ses voisins. Ce progrès a un prix : une dizaine de guichets ont été installés, que les usagers ont du mal à accepter. Et ce n’est pas fini…

L’une des séries de postes établies dans la capitale. © Muriel Devey Malu Malu pour JA

L’une des séries de postes établies dans la capitale. © Muriel Devey Malu Malu pour JA

Publié le 1 juin 2017 Lecture : 3 minutes.

Vue aérienne du train GNL alimentant l’unité de liquéfaction de la Ecuatorial Guinea-Licuado Natural Gas, à punta Europa. © Renaud VAN DER MEEREN/EditonsduJaguar
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À hauteur du péage installé sur l’autoroute qui mène de Malabo, la capitale, au centre d’affaires et de tourisme de Sipopo, un conducteur ralentit, puis s’arrête, avant de tendre négligemment une pièce de 100 F C FA (15 centimes d’euros) à l’employée qui lui délivre un reçu. De brefs « gracias » fusent de part et d’autre du guichet. Rey redémarre en faisant la moue.

Difficile, pour ce chauffeur de taxi aux revenus modestes, d’accepter de « passer à la caisse » chaque fois qu’il emprunte une route à péage. Pourtant, les tarifs fixés en 2015 ont été établis en fonction du type de véhicule et du pouvoir d’achat. Là où un taxi paie 100 F CFA, un véhicule de tourisme débourse 500 F CFA et les camionnettes et poids lourds, de 2 000 à 5 000 F CFA, le tarif maximum appliqué aux gros véhicules.

Le réseau d’autoroute en compte désormais dix, dont six sur l’île de Bioko, qui abrite Malabo et l’industrie pétrolière, et quatre dans la région continentale, dont trois à Bata.

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L’État, qui a fortement investi ces dix dernières années dans la construction du réseau routier, a décidé d’instaurer des péages sur les grands axes et d’en confier la gestion au secteur privé. Assurée dans un premier temps par l’Entreprise d’entretien des routes et des péages (Epemac), société publique, la concession a été privatisée en juin 2016 au profit de l’entreprise Terraway.

Objectif : préserver un patrimoine dont la construction a été financée par les revenus pétroliers, aujourd’hui en berne. Le premier péage a été installé en 2011 sur l’autoroute Malabo-Sipopo, alors flambant neuve. Le réseau en compte désormais dix, dont six sur l’île de Bioko, qui abrite Malabo et l’industrie pétrolière, et quatre dans la région continentale, dont trois à Bata. Et ce n’est apparemment pas fini.

Détours

D’une manière générale, la mesure n’a pas été facilement acceptée. « Les Équato-Guinéens ne sont pas habitués à payer en contrepartie d’un tel service. Pour eux, circuler gratuitement sur une route est normal. Le principe du péage relève d’une culture qui est à développer », reconnaît Mariola Bindang Obiang, la directrice générale de Holding GE, la société qui gère le fonds de coïnvestissement et de participation de l’État et a signé le contrat de gestion des péages avec Terraway.

C’est en milieu urbain, en particulier à Malabo, que la mesure est le plus contestée. Bon nombre d’usagers, à commencer par les taxis, se débrouillent pour éviter les points de passage payants en effectuant de larges détours. Pas sûr qu’ils y gagnent au change. En tout cas, bon gré mal gré, les Équato-Guinéens et les étrangers, particuliers comme professionnels, devront s’y habituer, car l’État compte bien étendre les péages. Et il y a de quoi faire.

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Atout touristique

Force est de reconnaître que, depuis la fin des années 2000, contrairement à la plupart de ses voisins producteurs d’hydrocarbures, le pays a réinjecté une bonne partie de sa manne pétrolière dans le développement et la mise à niveau de son réseau routier sur tout le territoire.

La connexion avec le Cameroun et le Gabon est désormais effective

Certes, dans la partie continentale, l’un des objectifs de ce maillage, qui visait l’acheminement rapide des marchandises destinées aux pays limitrophes à partir du port de Bata, n’est pas atteint, le transit portuaire étant encore limité. Mais si quelques tronçons restent à finaliser, l’essentiel est là.

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Autoroutes, routes et voies urbaines bitumées, ponts : du nord au sud, de l’est à l’ouest, le pays a été quadrillé et les principales localités ont été reliées entre elles, aussi bien sur les îles, à commencer par celle de Bioko, que dans le Rio Muni, notamment à Bata, point de départ et d’arrivée du réseau routier continental. Sans oublier la connexion avec le Cameroun et le Gabon, qui est désormais effective. Et même si, baisse de recettes pétrolières oblige, l’État décide d’installer de nouveaux péages pour assurer son entretien, ce réseau routier est un atout de taille pour l’essor du ­tourisme.

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