Hamad al-Kawari : « Je n’arriverai pas les mains vides à l’Unesco »
Ancien ministre de la Culture du Qatar (2008-2016), diplomate chevronné – il fut en poste à Paris, à l’Unesco et au siège des Nations unies, à New York –, ce francophone de 69 ans est l’un des candidats les plus déterminés au poste de directeur général de l’organisation.
Hamad al-Kawari bénéficie du soutien officiel du Conseil de coopération du Golfe et de celui, plus officieux, de trois des cinq pays de l’Union du Maghreb arabe (Tunisie, Maroc et Mauritanie). Lors des auditions, il est le seul à avoir abordé de front les questions politiques et à avoir appelé à un dialogue constructif avec les États-Unis. Favorable à la création d’un fonds spécial pour les petits projets, il rêve d’organiser au siège de l’Unesco un « Davos de l’éducation ».
Jeune Afrique : Pourquoi êtes-vous candidat ?
Hamad al-Kawari : L’Unesco n’est pas une organisation comme les autres : elle exprime la conscience du monde. Il faut la remettre debout, lui réinsuffler de la confiance et de l’ambition. Mon objectif, c’est d’y écrire une nouvelle page. Le monde a changé, l’Unesco doit changer, elle aussi.
Pour les besoins de ma campagne, j’ai visité trente-quatre pays sur les cinq continents, dont dix en Afrique. Partout, j’ai reçu un excellent accueil. J’ai écouté et me suis efforcé de comprendre les attentes, qui varient énormément d’un pays à l’autre. C’est de là qu’est née mon idée d’un fonds spécial pour les petits projets. Notre organisation est calibrée pour les très gros projets, alors que, sur le terrain, des enveloppes plus restreintes – entre 10 000 et 100 000 dollars – peuvent être fort utiles.
Le principe de rotation entre les continents ne figure pas dans les textes, mais c’est un principe légitime, qui est devenu la règle dans toutes les organisations internationales
2017 sera-t-elle « l’année des Arabes » ?
Oui, nous exhortons nos partenaires des autres groupes à tenir la promesse qui nous a été faite en 2009. Nous avons choisi de susciter plusieurs candidatures pour faire passer le message suivant : nous sommes quatre, choisissez le meilleur d’entre nous, celui qui porte la vision la plus adaptée aux enjeux du moment. Le principe de rotation entre les continents ne figure pas dans les textes, mais c’est un principe légitime, qui est devenu la règle dans toutes les organisations internationales. Il n’y a pas de raison que l’Unesco, qui est le forum de la diversité culturelle et du respect mutuel, fasse exception !
Mais l’organisation est asphyxiée financièrement…
Il faut impérativement développer des ressources extrabudgétaires. Même si tous les pays étaient à jour de leurs contributions, cela ne suffirait pas tant nos missions sont vastes. Mais je n’arriverai pas les mains vides. J’ai reçu de divers mécènes et institutions des assurances en ce sens, sinon, je ne me serais pas porté candidat.
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