En Guinée équatoriale, la filière agricole cherche des investisseurs pour se relancer

Quelques petits producteurs voient plus grand, et des exploitations de taille moyenne commencent à se développer, en particulier sur Bioko.

 © Muriel Devey Malu Malu pour JA

© Muriel Devey Malu Malu pour JA

Publié le 31 mai 2017 Lecture : 3 minutes.

Vue aérienne du train GNL alimentant l’unité de liquéfaction de la Ecuatorial Guinea-Licuado Natural Gas, à punta Europa. © Renaud VAN DER MEEREN/EditonsduJaguar
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Dès qu’il met les pieds dans ses champs, Joaquim Castano Burelepe s’illumine. Et d’expliquer à ses visiteurs les bienfaits des produits du terroir. D’autant que, chez lui, « tout est bio ! », comme il ne manque pas de le rappeler. Le patron de l’entreprise Hortalizas Quini se veut autant horticulteur que naturopathe. Toujours à l’affût de nouvelles cultures à introduire dans le pays, il exploite quelque huit hectares, répartis en différents points de l’île de Bioko. Dans son jardin du quartier d’Oyo Riqueza, à la périphérie de Malabo, outre des cultures maraîchères, il produit du manioc, des ignames, des macabos, des bananes plantain, des avocats, cultive des manguiers, des papayers, des moringas… Et des herbes médicinales.

Plus au sud, à Portao, il dispose d’un vaste potager d’oignons, de choux, d’aubergines, de tomates, etc. Enfin, autour de Moca, la ville natale de Joaquin Castano Burelepe, située dans le sud de l’île, à 1 000 m d’altitude, Hortalizas Quini cultive des légumes variés, des salades, des piments et des goyaviers.

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L’entreprise compte huit à douze employés. Avec la crise et la baisse du pouvoir d’achat, elle a dû se séparer de deux d’entre eux, car les produits sont plus difficiles à écouler. Sa clientèle est surtout constituée de commerçantes du grand marché de Semu, à Malabo (auxquelles elle doit faire crédit), de restaurants et d’hôtels.

 Auparavant, nous fournissions des entreprises de BTP, mais beaucoup ont fermé ou ont licencié

« Auparavant, nous fournissions des entreprises de BTP, mais beaucoup ont fermé ou ont licencié », explique Joaquim Castano Burelepe, bien décidé à explorer de nouveaux marchés à l’export. En particulier celui des membres de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP). Il a d’ailleurs présenté certains de ses produits, dont du miel sauvage et des nonis, lors du Forum économique global de la CPLP qui s’est tenu en 2016 à Dili, au Timor oriental.

Des techniques qui restent traditionnelles

Bien qu’encore peu nombreuses comparées aux petites structures – dont la plupart sont gérées par des femmes, regroupées en coopératives –, les exploitations de taille moyenne comme Hortalizas Quini se développent. Et depuis que l’État a remis l’agriculture au premier rang des secteurs stratégiques, les initiatives ne manquent pas. À tel point que Gregorio Boho, le président de la Chambre de commerce du pays et de celle de Bioko, prépare le lancement d’Agrolin, une holding qui apportera conseil et appui aux professionnels du secteur.

Chaque région a ses spécialités. Sur Bioko, la région de Moca, qui bénéficie d’une bonne pluviométrie et d’un climat frais, est réputée pour ses exploitations maraîchères et son verger d’arbres fruitiers, dont les productions fournissent en partie le marché de Malabo. L’île est également connue pour la qualité de son cacao.

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Mais de 40 000 tonnes dans les années 1970, la production a chuté à 541 t aujourd’hui. D’où l’espoir des pouvoirs publics, dans le contexte actuel, de voir des entrepreneurs privés investir dans la relance de la filière, laquelle est appuyée par l’Institut national de la promotion agricole et d’élevage (Inpage). Dans la région continentale, où l’on cultive principalement le manioc, l’igname, la banane plantain et les safous, les surfaces exploitées sont plus petites, et les techniques restent traditionnelles.

La production locale augmente, permettant de mieux approvisionner les marchés urbains, même si le pays continue à importer des denrées agricoles du Cameroun. Plusieurs facteurs ont contribué à cet accroissement de la production, dont le développement du réseau routier et, plus récemment, le crédit rural : une initiative de la Banque nationale de Guinée équatoriale (Bange), qui peut désormais accorder un prêt de 5 à 20 millions de F CFA (de 7 600 à 30 500 euros environ) à une association, assorti d’une formation de ses membres pour améliorer la production et la commercialisation.

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Tous les exploitants ne bénéficient cependant pas de ces crédits. Joaquim Castano Burelepe, lui, a hypothéqué l’une de ses maisons pour obtenir un prêt auprès de la CCEI Bank Guinée équatoriale. Le financement des projets agricoles reste à inventer.

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