Bande dessinée : les héros de Lilian Thuram dans « Mes étoiles noires »
« Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les récits de chasse chanteront la gloire du chasseur. » L’ancien international de football Lilian Thuram a parfaitement assimilé le proverbe africain.
Bande dessinée et Histoires africaines
De l’indépendance congolaise à l’exil des Mozambicains envoyés en Allemagne de l’Est, en passant par les champs de bataille de la première guerre mondiale, les bandes-dessinées que Jeune Afrique a sélectionnées vous feront voir l’Histoire africaine d’un autre œil.
Sept ans après avoir publié Mes étoiles noires (éd. Philippe Rey), panthéon hétéroclite allant de Lucy à Barack Obama, le retraité de l’équipe de France aujourd’hui très impliqué dans la lutte contre le racisme s’est lancé dans une déclinaison de son essai en bande dessinée. Notre histoire, dont le deuxième volume paraît le 31 mai, raconte à la fois son apprentissage du ballon rond et la découverte des grandes figures noires qui lui ont servi de modèles.
Avouons-le d’emblée, on n’a été séduit ni par les dessins (signés Sam Garcia), assez académiques, ni par le scénario (écrit avec Jean-Christophe Camus), sans fantaisie et volontiers moralisateur…, mais nous ne correspondons pas au public visé, qu’on imagine plutôt adolescent.
En revanche, cette bande dessinée, dans la suite de l’album publié chez Philippe Rey, vient combler un vrai vide. Le journaliste Benoît Hopquin avait écrit en 2009 un ouvrage salutaire : (Calmann-Lévy). Et l’on sait que l’Unesco travaille depuis 1964 à l’écriture et à l’enseignement d’une histoire générale de l’Afrique. Une histoire débarrassée des préjugés raciaux et qui se place dans une perspective africaine.
En mettant en avant des « étoiles noires », pour que les enfants n’aient pas seulement des modèles blancs de réussite comme référents, Lilian Thuram et son équipe réécrivent à leur façon un grand récit sur l’Afrique et sa diaspora.
De Marcus Garvey à Angela Davis
On pourra objecter que leurs portraits de grands hommes et de grandes femmes (Marcus Garvey, Angela Davis…) manquent d’épaisseur et de distance critique, cédant parfois à l’hagiographie. Mais la simplification obéit à un objectif pédagogique parfaitement atteint. Et l’on apprend beaucoup.
J’aimerais élargir le propos et aborder les autres formes de ségrégation, comme celles liées à l’homosexualité ou à la religion
Par exemple que des hommes noirs régnèrent sur l’Égypte, avec l’évocation du pharaon Taharqa, ou encore qu’Ésope a grandement inspiré Jean de La Fontaine, qui lui a chipé, entre autres, l’histoire de la grenouille et du bœuf… Prochain objectif pour Thuram ? « J’aimerais élargir le propos et aborder les autres formes de ségrégation, comme celles liées à l’homosexualité ou à la religion. » De quoi alimenter quatre ou cinq tomes supplémentaires !
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