Comment l’Éthiopien Tedros Ghebreyesus s’est hissé au poste de directeur général de l’OMS
À Genève, l’Éthiopien Tedros Ghebreyesus a été désigné directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) par 133 voix contre 50, grâce à la mobilisation de l’Union africaine.
Mercredi 24 mai, à Genève, un ballet de véhicules diplomatiques se met en place entre le siège de la délégation de l’Union africaine (UA), rue des Pâquis, et l’hôtel Intercontinental, où loge l’Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, tout juste élu directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). À 52 ans, cet ancien ministre de la Santé (2005-2012) et des Affaires étrangères (2012-2016) vient de remporter – par 133 voix contre 50 – un défi inédit face au britannique David Nabarro : pour la première fois, un Africain est appelé à diriger l’agence onusienne en charge des questions de santé publique.
Quelques minutes après l’annonce, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA, postera sur Twitter une photo de « Tedros », tout sourire, drapé dans la bannière de l’organisation continentale.
« Nous avions travaillé avec son équipe afin de mettre au point son programme », confie à Jeune Afrique le Béninois Jean-Marie Ehouzou, l’ambassadeur de l’UA auprès des Nations unies. Le président rwandais, Paul Kagame, qui fut parmi les premiers à féliciter le vainqueur par un tweet, « a soutenu sans réserve le candidat », ajoute Ehouzou pour illustrer la dynamique africaine entourant cette élection.
Un candidat soutenu
Pour s’assurer la victoire, il lui aura fallu dénicher des soutiens bien au-delà du continent. « Nous sommes notamment allés convaincre les Français de reporter leur vote sur Tedros après que leur candidat, Philippe Douste-Blazy, a été écarté au premier round de l’élection en janvier », confie une autre source à l’UA. De son côté, l’Éthiopien a su flatter la fibre panafricaine, axant son discours préélectoral sur le besoin d’améliorer la gestion de crise face aux pandémies – l’OMS avait été critiquée pour sa lenteur à réagir face à l’épidémie d’Ebola, en 2014.
Autre axe privilégié par le nouveau directeur général : la nécessité de réformer l’organisation, et notamment de rééquilibrer son financement, auquel les cotisations régulières des États ne contribuent qu’à hauteur de 20 % (contre 80 % assurés par des donations volontaires d’acteurs étatiques ou privés)… « Une vieille revendication africaine », nous rappelait-il en mars.
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