Tunisie : l’arrestation de Chafik Jarraya était prévue depuis plusieurs mois par le gouvernement
L’arrestation de l’homme d’affaires Chafik Jarraya, dans l’après-midi du 23 mai, a produit un effet de souffle. Il a tétanisé la classe politico-économique tunisienne et marqué le début d’une opération anticorruption d’une ampleur inédite.
Corruption en Tunisie : l’opération « mains propres » de Youssef Chahed
Lancée en mai dernier, la vaste opération anticorruption lancée par le chef du gouvernement tunisien Youssef Chahed a débouché sur plusieurs arrestations de personnalités issues du monde politique, des médias ou du secteur des affaires.
Ancien associé d’Imed Trabelsi (le neveu de Leïla Ben Ali), Jarraya se targuait publiquement d’acheter parlementaires, juges et journalistes. Longtemps proche du parti Nidaa Tounes, aujourd’hui dirigé par Hafedh Caïd Essebsi (le fils du chef de l’État), mais aussi des islamistes tunisiens et libyens, Jarraya personnifiait la caste des intouchables.
Arrêté sur le fondement d’une loi de 1978 sur l’état d’urgence pour « atteinte à l’intégrité de l’État », il a été placé en résidence surveillée dans une base militaire et pourrait rester sous ce régime au cours des quatorze prochains mois, le temps pour les enquêteurs d’accumuler preuves et témoignages, qui seront ensuite transmis à la justice.
Cette affaire touche à la contrebande et à la sécurité nationale, avec de fortes suspicions de trafic d’armes
« Le périmètre de l’intervention et la liste des cibles ont été fixés il y a quatre mois, précise un très proche conseiller de Youssef Chahed, le chef du gouvernement. La présidence du gouvernement, la présidence de la République et le ministère de l’Intérieur travaillent en étroite concertation et dans la plus grande transparence sur ce dossier hypersensible.
Le voyage de Jarraya à Genève le 18 mai [au cours duquel il a notamment rencontré le Libyen Abdelhakim Belhadj, ex-gouverneur militaire de Tripoli] est à l’origine de l’accélération du calendrier. Cette affaire touche à la contrebande et à la sécurité nationale, avec de fortes suspicions de trafic d’armes. Nous sommes dans une logique de guerre totale contre la corruption, et ce n’est qu’un début. »
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