Donald Trump peut-il être destitué ?
Donald Trump, encore lui. Nous avons fait sa connaissance il y a plus d’un an, lorsqu’il ferraillait pour la primaire du Parti républicain américain. Qui aurait alors pensé qu’il la remporterait ?
Il a fini par prévaloir sur tous ses concurrents et il a ensuite battu la candidate du Parti démocrate, Hillary Clinton, qui a obtenu plus de voix que lui, mais moins de grands électeurs.
Le 9 novembre 2016, à notre stupéfaction, il est devenu le président élu des États-Unis et, le 20 janvier 2017, a pris ses fonctions, devenant l’homme le plus puissant du monde
Son allure massive, son étrange coupe de cheveux, sa voix basse et éraillée, son langage vulgaire et son lexique limité à trois cents mots font désormais partie de la scène internationale, nous sont de plus en plus familiers.
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Dès l’installation du milliardaire Trump à la Maison-Blanche, nous avons vu défiler à Washington une kyrielle de chefs d’État ou de gouvernement. Ils se sont empressés d’aller dans la capitale américaine pour évaluer ce personnage hors norme, déterminer si et comment on peut travailler avec cet homme nouveau, en faire un partenaire.
La liste de ces visiteurs est impressionnante, et je crois utile de vous la rappeler :
Theresa May, Première ministre du Royaume-Uni, Angela Merkel, chancelière allemande, Shinzo Abe, Premier ministre du Japon, Justin Trudeau, Premier ministre du Canada, Benyamin Netanyahou, Premier ministre d’Israël, Pedro Pablo Kuczynski, président du Pérou, Haïdar al-Abadi, Premier ministre de l’Irak, Abdel Fattah al-Sissi, président de l’Égypte, Abdallah II, roi de Jordanie, Xi Jinping, président de la Chine, Mauricio Macri, président de l’Argentine, Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, Recep Tayyip Erdogan, président de la Turquie, Juan Manuel Santos, président de la Colombie.
Au pouvoir depuis près de cinq mois, Donald Trump vient d’achever son premier périple à l’étranger, qui a duré toute une semaine.
Il s’est rendu en Arabie saoudite, en Israël et en Palestine, ainsi qu’à Rome pour voir le pape François, à Bruxelles au siège de l’Otan, avant de participer, enfin, à la réunion du G7 en Sicile.
Nous avons pu le voir et l’entendre à satiété ; nous avons observé son comportement, recueilli les confidences de ceux qui lui ont parlé. Nous sommes donc en mesure de vous dire, sans grand risque de nous tromper, ce qu’il faut penser de ce personnage et le président qu’il risque d’être.
Notre avis sur lui a pris forme, et je voudrais vous le soumettre.
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Pour montrer à Donald Trump l’étendue de son influence sur le monde musulman (et même au-delà), l’Arabie saoudite a convié une cinquantaine de chefs d’État, qui ont tous fait le voyage de Riyad, à l’écouter parler de l’islam et en dire du bien.
Vingt d’entre eux étaient africains, dont trois non musulmans. Ils ont assisté au « show » Trump, qui, après avoir vendu à l’Arabie saoudite pour 110 milliards de dollars d’armes et plus du double en divers autres produits américains – America First ! –, a adjuré les pays arabes de s’allier à Israël.
Les États-Unis, Israël, l’Arabie saoudite et ses satellites ont ensuite, de concert, replacé l’Iran dans « l’axe du mal », juré de le faire rentrer dans ses frontières, au besoin en lui faisant la guerre.
Pendant ce temps-là, la Palestine continue de subir l’occupation politico-militaire israélienne et un millier de détenus palestiniens poursuivent leur grève de la faim.
Avant de quitter le Moyen-Orient, Donald Trump a rencontré brièvement Mahmoud Abbas. Et lui a dit : « Votre problème, je m’en occupe. »
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À ce stade du voyage de Donald Trump, on a rendu public à Washington le budget 2018 qu’il soumettra au Congrès.
Comme annoncé, le nouveau président demande moins d’argent pour la diplomatie, l’éducation, la coopération, la santé, les programmes de lutte contre le sida et la malaria.
Mais plus d’argent pour l’armée et les services de sécurité.
Le Financial Times commente : Ce budget ne sera pas accepté par le Congrès. Il ne passera donc pas, car il est chargé d’idéologie et, de surcroît, irréaliste.
Donald Trump confirme ainsi ce que ce premier voyage a montré : il est un homme de droite, voire d’extrême droite. Son budget, ses déclarations et ses fréquentations l’indiquent amplement.
Les dirigeants de l’Arabie saoudite, avec lesquels il s’entend si bien et contracte alliance, sont carrément des intégristes, fermés à toute idée de démocratie, aux droits de l’homme et plus encore à ceux des femmes.
Renaud Girard va jusqu’à écrire que « le wahhabisme saoudien fonde l’idéologie de Daesh ».
Il en va de même pour Benyamin Netanyahou et ses ministres, qui sont encore plus à droite que lui.
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Donald Trump est un homme imprévisible et qui s’en vante. Sur l’Europe, sur l’Otan, la Chine, l’islam, il a changé d’avis, ou du moins de discours, sans le reconnaître. On ne sait même pas s’il s’en aperçoit. Quand est-il sincère ? Où commence son opportunisme ?
À cela s’ajoute l’avis des psychiatres, psychanalystes et autres spécialistes du comportement qui ont analysé sa personnalité.
Ils ne sont pas tendres, évoquant « un trouble de la personnalité d’ordre narcissique », « une tendance à se débarrasser le plus vite possible de tous les problèmes qui se présentent » et à n’évoluer que dans « un cercle restreint de flagorneurs ».
Il est « impulsif », dénué de « conscience ».
« Cet homme a le doigt sur le bouton nucléaire, ajoutent-ils. Son déséquilibre psychique fait donc courir un risque existentiel aux États-Unis, et le devoir des professionnels est d’alerter l’opinion. »
Les défauts de cet homme de 70 ans ne peuvent que se consolider et s’aggraver. Il n’a d’ailleurs fait aucun effort pour se plier aux impératifs de la fonction mais a, au contraire, fait en sorte que la fonction s’adapte à son caractère, à ses habitudes.
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Donald Trump n’a donc aucune des qualités d’un président. Il est, comme disent ceux qui le combattent, « unfit », inadapté et inapte à la direction d’un pays comme les États-Unis, et cumule tous les défauts qui justifient qu’on l’en écarte, si cela est possible.
Faut-il le destituer ? Peut-on y parvenir ? Aux États-Unis, où il compte déjà contre lui de nombreux et puissants ennemis, on y songe fortement.
Mais on n’a jamais jusqu’ici réussi à destituer un président américain dûment élu. Si cela advenait, ce serait donc une première.
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