Sculpture : des artistes s’emparent du palais des Papes

Jusqu’au 14 janvier 2018, la Fondation Blachère présente à Avignon une sélection de 80 sculptures réalisées par quelques-uns des plus grands créateurs du continent.

« Les éclaireurs », jusqu’au 14 janvier 2018

« Les éclaireurs », jusqu’au 14 janvier 2018

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Publié le 10 juin 2017 Lecture : 3 minutes.

Lorsque l’on évoque le palais des Papes d’Avignon, c’est en général pour parler du festival de théâtre qui, chaque mois de juillet, vient animer les rues de cette ville du sud de la France. Cette année pourtant, l’édifice gothique datant du Moyen Âge se voit aussi investi par une présence bien plus surprenante, celle de sculptures venues d’Afrique. Pour la première fois depuis sa création en 2004, la Fondation Blachère, dont le siège se situe non loin de là, à Apt, présente quelque 80 œuvres choisies parmi les 1 800 qui composent sa collection.

Opportunément titrée « Les éclaireurs » – l’entreprise Blachère Illumination est spécialisée dans l’éclairage festif des villes… –, l’exposition, ouverte jusqu’au 14 janvier 2018, met en avant le travail de sculpteurs africains en le présentant dans des lieux emblématiques de la ville. Le palais des Papes, bien sûr, mais aussi le Musée Calvet, le Musée lapidaire et celui du Petit Palais.

Je crois beaucoup à l’introduction de l’art dans la cité

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« Je crois beaucoup à l’introduction de l’art dans la cité, explique la maire, Cécile Helle (Parti socialiste). L’idée de cette exposition est née de ma rencontre avec Jean-Paul Blachère et sa fille, Christine, qui rêvaient depuis longtemps de montrer leur collection dans un lieu patrimonial. Pouvoir présenter La Prière universelle, du plasticien sénégalais Ndary Lo, sur le parvis du palais des Papes, un lieu connu dans le monde entier, c’est une vraie chance pour notre ville. »

Quand le coup de cœur est maître

Soulignant « la sincérité et l’humanisme » de l’homme d’affaires et collectionneur, l’édile entend à la fois promouvoir l’offre muséale de la ville, méconnue, et « créer une rencontre inattendue » avec des artistes contemporains venus d’un autre continent.

Souvent considéré de haut par le petit milieu parisien qui a fait de l’art africain son fonds de commerce, Jean-Paul Blachère défend une approche sensible et passionnelle de la création. « Un collectionneur privé comme moi fonctionne au coup de cœur, sans se poser la question de savoir si cela va plaire aux autres », confie-t-il.

L’homme raconte volontiers que la visite de l’exposition « Les magiciens de la terre » provoqua en lui un « cataclysme cérébral » et que sa rencontre avec l’art africain contemporain l’aida « à se reconstruire » après l’accident de la route qui lui avait fait perdre l’usage de ses jambes. « J’y trouve une liberté d’expression sans les schémas occidentaux habituels, trop sophistiqués à mon goût », dit-il.

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La sculpture, « art majeur »

Particulièrement touché par la sculpture, qu’il considère comme « l’art majeur », c’est en toute logique qu’il a choisi de lui accorder sa préférence pour cette première. Ainsi est-il possible de voir aujourd’hui « Le Lanceur » (de la série Zoulou), du Sénégalais Ousmane Sow, côtoyer les marbres sensuels du Musée Calvet, L’Éléphant blessé (Wounded Elephant), du Sud-Africain Andries Botha, voisiner avec la Tarasque de Noves, vieille de plus de deux mille ans, et la Muraille verte, de Ndary Lo, s’élever dans une cour du palais des Papes.

Si le propos des « Éclaireurs » n’est pas d’offrir une analyse critique de la production africaine en matière de sculpture, la variété des œuvres choisies permet d’en présenter un riche panorama. Des fragiles pièces du Sénégalais Moustapha Dimé (Danse contemporaine, Femme calebasse…) aux tapisseries métalliques du Ghanéen El  Anatsui (Confluences), des métaphores du Nigérian Yinka Shonibare MBE (Egg Fight) aux bois bruts du Malien Amahiguere Dolo (La Tortue), c’est une création plurielle et inventive qui se donne à voir dans un lieu grandiose – qui aurait mérité une scénographie plus dramatique.

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Comme pour l’œuvre de néons et de polystyrène du Sud-Africain Wim Botha (Solipsis 7.4), idéalement placée sous les ogives de la salle du Trésor bas, où elle prend une ampleur véritablement céleste.

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