Environnement : l’Algérie à l’heure du Green power

Lutte contre la pollution, traitement des déchets, passage aux énergies renouvelables… La transition écologique est devenue une urgence. De Sétif à la vallée du Mzab, des pionniers montrent la voie.

Un champ de blé près d’Adrar, dans le centre de l’Algérie. © Clapsus/CC/WIkimedia Commons

Un champ de blé près d’Adrar, dans le centre de l’Algérie. © Clapsus/CC/WIkimedia Commons

FARID-ALILAT_2024

Publié le 13 juin 2017 Lecture : 3 minutes.

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Réinventer l’Algérie

Tarissement de la manne pétrolière, crise financière, désenchantement, lourdeurs administratives… La liste des difficultés qui empêchent le pays d’exploiter tout son potentiel est longue. Pourtant, les idées ne manquent pas. Tour d’horizon de ces solutions qui pourraient le faire redécoller.

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Un pays de soleil où l’on se chauffe et cuisine au gaz et où l’on roule à l’essence et au diesel… Cherchez l’erreur. Le passage des énergies fossiles à l’énergie solaire, la protection de l’environnement, la lutte contre la pollution, l’amélioration du cadre de vie sont des défis majeurs pour l’Algérie de demain. Ces questions sont d’autant plus pertinentes que la population augmente de près de 1 million d’habitants par an. À l’horizon 2030, le pays devrait ainsi compter plus de 50 millions d’âmes. Et le pétrole et le gaz, les deux principales richesses du pays, qui assurent 95 % de ses revenus en devises, suffiront à peine à couvrir les besoins de la consommation locale.

«L’ ascenseur-poubelle » inspiré du modèle turc

Deux expériences individuelles illustrent les multiples possibilités qu’offre l’Algérie dans le domaine du développement durable. La première, on la doit à un ingénieur de 47 ans, à l’origine d’un prototype de collecte des déchets domestiques qui pourrait révolutionner le quotidien de ses concitoyens. Pour peu que son invention soit généralisée. Ammar Belhouchet a inventé un « ascenseur-poubelle » pour entreposer les ordures dans des bacs enfouis sous terre avant de les récupérer et de les recycler. Une idée née lors d’un voyage à Istanbul en 2013.

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« J’ai constaté que, dans cette grande métropole connue pour sa chaleur et son humidité, il n’y a pas de nuisances liées aux moustiques et aux mauvaises odeurs, raconte-t-il. J’ai découvert que les déchets y sont collectés en sous-sol. Ces derniers sont un véritable fléau dans notre pays. Ils enlaidissent les espaces de vie et sont des sources d’insalubrité, de pollution et de prolifération de maladies. » De retour dans son village natal, près de Sétif, Ammar Belhouchet s’inspire du modèle turc et crée ses ascenseurs-poubelles. De grandes entreprises comme Sonatrach ou Naftal et des collectivités locales montrent un vif intérêt pour son prototype. Mais il manque de fonds pour développer son invention à une échelle industrielle.

23 millions de tonnes de déchets par an

L’enjeu est majeur quand on sait que l’Algérie produit 23 millions de tonnes de déchets par an, dont 12 millions de déchets ménagers. Selon des statistiques officielles, chaque habitant en produit en moyenne 310 kg par an. Faute de moyens efficaces pour les collecter, ces ordures sont généralement incinérées dans des décharges à ciel ouvert ou entreposées dans le lit des rivières et des oueds, au risque de polluer les nappes phréatiques, les plages et les fonds marins.

L’autre expérience innovante, on la doit au docteur Ahmed Nouh, pharmacien à Beni-Isguen, dans la vallée du Mzab, à 550 km au sud d’Alger. Avec un groupe d’amis architectes, cet homme a conçu Ksar Tafilelt, un village écologique de 22 hectares sur une colline de roche calcinée. Bâtie avec des matériaux locaux, la cité concilie modernité, patrimoine architectural ancestral et écologie. L’une des missions assignées à ses habitants est le respect de l’environnement. Les eaux usées sont traitées pour arroser les jardins, les espaces verts et les palmeraies. Un centre de compostage a été installé pour produire du terreau, et le système d’éclairage public repose sur l’énergie solaire.

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Le village écologique de Ksar Tafilelt récompensé

Lancé à la fin des années 1990 par la Fondation Amidoul, ce projet a déjà acquis une notoriété nationale et internationale. Ksar Tafilelt a obtenu en 2014 le premier prix de l’environnement de la Ligue arabe et a été primé en 2016 lors de la COP22, à Marrakech. Une expérience susceptible de faire des émules dans d’autres villes et villages d’Algérie ? C’est tout le bien que souhaitent ses concepteurs.

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