Rap : Benash, dans les pas de Booba

Jeune rappeur de la banlieue parisienne né à Douala et propulsé par son célèbre aîné, Benash est emblématique de sa génération : il entend résolument se tourner vers son continent d’origine.

« Détestez-moi comme Charlemagne », ose l’artiste. © Thomas Pico

« Détestez-moi comme Charlemagne », ose l’artiste. © Thomas Pico

CRETOIS Jules

Publié le 8 juin 2017 Lecture : 2 minutes.

Sur le gris des murs de l’Est parisien, ­­l’affiche qui annonce la sortie de l’album détonne : la poitrine de l’artiste, en gros plan, est en partie recouverte d’une peau de panthère. CDG – « pour chef de guerre » – est le premier album solo de Benash. Vingt-trois ans, tout en muscles, souriant et décomplexé, Benash se prête avec aisance au jeu des questions-réponses. Si l’ancien leader du groupe 40000 Gang, appuyé par la star du rap français Booba, était autrefois connu comme un artiste de Boulogne (région parisienne), le natif de Douala revendique aujourd’hui son appartenance camerounaise. Sur CDG, les chansons aux rythmes africains, comme Coco, succèdent aux clins d’œil comme 237, indicatif téléphonique du Cameroun.

Benash rappe depuis ses 18 ans, mais le grand public l’a découvert avec Validée, de Booba. La chanson sortie en 2015 a largement dépassé le cercle des amateurs de rap et lui a « changé la vie ». « Travailler avec Booba, c’est travailler avec le meilleur rappeur de sa génération, confie Benash. Tu sais que tu auras toujours un super avis, un point de vue d’artiste. Il a senti que les sons africains, c’était du lourd. » Succès hors-norme, Validée est au départ un son du Malien Sidiki Diabaté.

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Retour aux sources

« C’est la preuve qu’en Afrique il y a des rythmes qui peuvent faire remuer toute la France. » Benash n’occulte pas pour autant l’aspect commercial de ce retour aux sources : « On kiffe, et le public aussi. Cela nous permet d’aller toucher un éventail plus large que le rap hard-core. » Les paroles, elles, restent explicites.

Benash chante « l’appât du gain » qui fait courir ses semblables, jeunes, impulsifs et prêts à tout qui préfèrent « Mesrine » à « l’intérim », et retoque son parrain Booba : « Jus de bagarre pour “garder la pêche” [reprenant l’expression popularisée par ce dernier]. »

L’egotrip n’est jamais très loin : « Détestez-moi comme Charlemagne », chante sa voix déformée au vocodeur. « Mais en vrai tu peux être hard-core et réaliste sur des beats fun. Là-bas, ils n’ont aucun mal à mélanger les deux registres », assure l’artiste.

« Un peu comme Samuel Eto’o »

Parmi ses références, le compositeur ivoirien DSK On The Beat et, d’une manière générale, ce qui vient du Nigeria. « Je crois que je n’ai jamais écouté un titre d’IAM, mais je m’inspire de Douk Saga, le pionnier du coupé-décalé ivoirien. » Résultat des courses : Benash a tourné le clip de Ghetto à Douala, où il a grandi jusqu’à l’âge de 7 ans.

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« Les gens me reconnaissent maintenant en Afrique, affirme-t-il. Au Cameroun, tout le monde porte du faux Unkut [la marque de Booba] et écoute Validée. » Benash entend bien renouer avec son pays même si, plaisante-t-il, « là-bas, c’est dur, il n’y a même pas de Sacem [société de gestion des droits d’auteur en France] ! »

Il ose la comparaison avec le monde du foot : « En gros, c’est un peu comme Samuel Eto’o. Il joue dans des clubs internationaux, mais il n’oublie pas le Cameroun et fait partie de la sélection nationale. Il enrichit les deux équipes avec ce qu’il apprend. » Et Benash avoue une envie : « J’aimerais bien ouvrir un studio là-bas. Mais déjà je vais me débrouiller pour y donner un concert dans un stade. » Histoire de voir à quoi s’attendre, il a accompagné Booba à son concert de Yaoundé, le 13 mai.

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