Algérie : à quand une union du Maghreb social ?

Étudiants, cercles d’affaires et ONG d’Afrique du Nord devraient se constituer en réseaux et en associations pour prouver à leurs gouvernants qu’il est possible de dépasser leurs différences.

a alger, en Algérie, en mars 2015. © Ouahab Hebbat/AP/SIPA

a alger, en Algérie, en mars 2015. © Ouahab Hebbat/AP/SIPA

ProfilAuteur_LaurentDeSaintPerier

Publié le 13 juin 2017 Lecture : 2 minutes.

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Réinventer l’Algérie

Tarissement de la manne pétrolière, crise financière, désenchantement, lourdeurs administratives… La liste des difficultés qui empêchent le pays d’exploiter tout son potentiel est longue. Pourtant, les idées ne manquent pas. Tour d’horizon de ces solutions qui pourraient le faire redécoller.

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Dernier cercle de fer de la forteresse Algérie, ses frontières se dressent, dans les discours et les esprits, comme des lignes de menaces. Conflit interétatique potentiel à l’Ouest, intrusions migratoires, terroristes et perspectives de contagions chaotiques au Sud et à l’Est, et le vaste cimetière marin de la Méditerranée au Nord. Des périls certes réels, mais les pertes, matérielles et immatérielles, générées par l’absence de partage régional ne le sont pas moins.

En 1989, l’Algérie, la Mauritanie, le Maroc, la Libye et la Tunisie créaient l’Union du Maghreb arabe, donnant enfin un corps politique à l’homogénéité géographique, humaine et civilisationnelle de la région. Une « réalité incertaine », diagnostiquait un rapport parlementaire français en janvier 2017, qui attribuait sa paralysie à des « incompatibilités entre les différents régimes », à la « rivalité Algérie-Maroc », à des « déficits de démocratisation », à une « conception “patrimoniale” de l’État ». Les pouvoirs ne se rassembleront pas de sitôt au chevet du Maghreb… Peut-on imaginer que son union se réalise par les peuples et les représentants des sociétés civiles ?

L’inertie du cadre éducatif en Algérie, où les recteurs sont désignés par le pouvoir, empêche toute initiative en ce sens

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« Les relations interuniversitaires ont eu une profonde réalité historique quand les élites algériennes allaient se former à la Qarawiyyin de Fès, à la Zitouna de Tunis ou à Al-Azhar, au Caire. Mais elles ne sont plus matérialisées aujourd’hui, alors que les problématiques de formation, de santé, d’emploi sont partout les mêmes, regrette le sociologue Khaled Karim, de l’université d’Alger II. L’inertie du cadre éducatif en Algérie, où les recteurs sont désignés par le pouvoir, empêche toute initiative en ce sens… »

Une alliance des cercles d’affaires

Mais les étudiants du Maghreb pourraient se constituer en réseaux d’associations, voire s’unir au sein d’une université virtuelle, montrant aux gouvernants un exemple de dépassement des obstacles bilatéraux. Les cercles d’affaires devraient s’allier comme ils l’ont fait dans les années 1990 en Amérique latine pour la consolidation du Mercosur. Rapprocher les nations par les marchés a ainsi été le moteur de la construction européenne.

De Nouakchott à Benghazi, les ONG défendant les droits de l’homme, l’amazighité ou l’environnement pourraient mutualiser leurs expériences et leurs ressources. Une Union du Maghreb social est-elle envisageable ? « Nous tentons de créer depuis 2005 une dynamique de réseau régional, affirme Abdelouahab Fersaoui, le président du Rassemblement Action Jeunesse. Mais c’est au Forum social mondial de Tunis, en 2013, qu’elle s’est manifestée, notamment parce que la Tunisie offre aujourd’hui le cadre d’un État de droit. »

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