Qu’est-ce que la hogra ?
C’est un fait social qui ne se mesure pas, n’entre dans aucune statistique. La hogra, c’est « le mépris social », nous dit Mounir Bensalah, militant de gauche et président de l’association Anfass.
« C’est l’humiliation assortie d’un abus de pouvoir », précise Dominique Caubet, linguiste, qui en retrace la genèse. Terme dialectal maghrébin tiré de l’arabe ihtaqara (« mépriser »), « il est apparu en Algérie lors du mouvement de colère d’octobre 1988. Il fait ensuite quelques détours par les quartiers populaires et immigrés français, avant d’arriver au Maroc, où il fait florès en 2011 ».
La hogra, c’est aussi un rapport à l’État
Cette année-là, la hogra est sur toutes les lèvres des manifestants du Mouvement du 20-Février, qui exigent, comme en Tunisie, son antithèse : la karama (« la dignité »). Le mot s’impose alors dans la rue et sur internet, et devient un liant entre militants progressistes, supporters de football et mères de famille. Seuls les islamistes se gardent de l’utiliser, car, explique Caubet, il « ne ressemble pas à leur vocabulaire et renvoie trop au parler de la rue ».
« La hogra tue »
« La hogra, c’est aussi un rapport à l’État », poursuit Bensalah. Elle oppose un hagar – « celui qui méprise » – et un mahgour – « le méprisé ». « Et, le plus souvent, dans l’inconscient populaire, le hagar est détenteur d’une autorité hiérarchique qui lui offre une forme d’impunité », souligne Caubet. « La hogra tue », pouvait-on lire sur Facebook au lendemain de la mort tragique de Mouhcine Fikri.
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