RDC : Félix Wazekwa, l’homme qui fait danser les Léopards

Ancien parolier de Koffi Olomidé et de Papa Wemba, Félix Wazekwa est le créateur de « Fimbu », la danse qui accompagne chaque but de l’équipe nationale de la RD Congo.

Sa danse se veut « un plaidoyer en faveur de la lutte contre l’impunité ». © Vincent Fournier/JA

Sa danse se veut « un plaidoyer en faveur de la lutte contre l’impunité ». © Vincent Fournier/JA

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Publié le 16 juin 2017 Lecture : 3 minutes.

C’est un homme heureux qui vient à notre rencontre cet après-midi-là. Et pour cause ! De Kinshasa à Franceville, voire dans plusieurs autres villes africaines et occidentales, on ne parle que de lui ! Et surtout de sa danse, « Fimbu », qui a accompagné chaque but de l’équipe nationale de la RD Congo lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), disputée au Gabon en début d’année.

« Une belle réussite ! » s’exclame Félix Nlandu Wazekwa, 54 ans, derrière ses lunettes de soleil. Dans le microcosme de la rumba congolaise, celui que l’on surnomme S’Grave pour la « sagesse » et la qualité de ses textes est avant tout, paradoxalement, un adepte du ngwasuma, l’art de faire danser le public par des sonorités et des rythmes endiablés.

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Le parolier de Papa Wemba

Félix Wazekwa connaît ses premiers moments de gloire en s’imposant comme le parolier des stars. C’est au milieu des années 1980. Le jeune homme a atterri en France pour y poursuivre des études en sciences économiques, après son diplôme d’État (l’équivalent du baccalauréat français) décroché à l’Académie des beaux-arts de Kinshasa.

Très vite, il est adoubé par Koffi Olomidé, qui accepte d’interpréter ses chansons

Sur les bancs de l’université Paris-8, il pense encore à Kin Verso, le petit groupe musical de son Matete natal, dans la capitale congolaise, où il a « appris sur le tas » à jouer de la guitare. « Pour ne pas perdre la main, je me suis résolu à approcher des artistes qui étaient en vogue à l’époque », raconte Wazekwa. Très vite, il est adoubé par Koffi Olomidé, qui accepte d’interpréter ses chansons.

Puis, c’est Papa Wemba qui s’offre les services de cet auteur-compositeur en herbe. « Il traversait une mauvaise passe de sa carrière : il ne brillait plus », justifie aujourd’hui Wazekwa. Traduction : c’était à lui de remettre Papa Wemba en selle. Pari relevé. En 1994, le leader de Viva la musica sort l’album Foridoles, dans lequel Wazekwa signe quatre titres. Un carton. « “Référence”, l’une de mes compositions, était même considérée par les mélomanes comme le titre phare de l’opus », se félicite son auteur. C’est le début d’une collaboration entre les deux hommes.

En 1995, la sortie de Tétragramme

Trois albums de Papa Wemba plus tard, la star congolaise pousse Wazekwa à se jeter véritablement dans l’arène musicale. « Il ne comprenait pas pourquoi j’hésitais à me lancer alors que je savais écrire des textes, chanter et jouer de la guitare », se souvient le futur patron de Cultur’A Pays Vie, orchestre créé quelques années plus tard. Il était temps de quitter l’ombre pour la lumière !

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Licence en poche, Wazekwa enregistre en 1995 Tétragramme, son premier album solo. Et Papa Wemba, accompagné de Madilu System (tous deux décédés depuis), accepte de « parrainer » cette entrée en matière du jeune talent.

S’ensuivent d’autres collaborations avec de grands noms de la musique congolaise contemporaine, notamment le « seigneur » Tabu Ley, Bozi Boziana et Déesse Mukangi. Wazekwa s’efforce alors de mettre en avant la rumba et occulte sa passion pour la danse et la chorégraphie à la Michael Jackson.

Il trouve là l’élément qui le distingue des autres chanteurs congolais

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« Il était important pour moi que les Congolais me découvrent comme chanteur, pas comme danseur », explique-t-il. Et, lorsqu’il pousse la chansonnette, il y ajoute toujours le « verbe », ce « proverbe qui vient d’être créé », cette « pensée qu’on n’a pas puisée dans un livre ». Il trouve là l’élément qui le distingue des autres chanteurs congolais. Quand ses compères flirtent avec l’obscénité dans leurs tubes « pour créer le buzz », Wazekwa, lui, reste sur sa ligne.

Préférant, à travers ses chansons ponctuées du « verbe », faire passer des messages. Même sa danse à ­succès « Fimbu » (« fouet », en lingala) ne serait, en fait, qu’un « plaidoyer en faveur de la lutte contre l’impunité » en RD Congo. Se revendiquant désormais « auteur-penseur », Wazekwa travaille depuis des mois sur un recueil de proverbes inédits. « Les petits bonbons de la sagesse » qu’il espère distribuer partout dans le monde. Ambitieux, le chanteur-écrivain !

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