Homo sapiens : ce que nous apprend l’homme de la grotte du Djebel Irhoud

On le pensait âgé de 200 000 ans… Il en aurait plus de 315 000. C’est ce que révèlent les ossements découverts au Maroc par deux archéologues.

Une reconstitution d’un crâne retrouvé. En bleu, le volume cérébral de sapiens. © MPI/ZUMA-REA

Une reconstitution d’un crâne retrouvé. En bleu, le volume cérébral de sapiens. © MPI/ZUMA-REA

ProfilAuteur_LaurentDeSaintPerier

Publié le 13 juin 2017 Lecture : 2 minutes.

Personne ne se rappelle son nom, mais, depuis le 8 juin, il est devenu une vedette planétaire, faisant la couverture de la célèbre revue scientifique Nature. « Des restes marocains reculent la date de l’apparition d’Homo sapiens », nous apprend-elle. En effet, si l’homme a revu le jour en 2004 dans les entrailles d’une profonde grotte, ce n’est que maintenant que nous avons la certitude qu’il est âgé de plus de 315 000 ans, soit 115 000 ans de plus que le plus vieux sapiens connu jusqu’à présent, un natif d’Afrique de l’Est.

Près de la côte atlantique, sur un site du Djebel Irhoud repéré dès 1961, des os de la mâchoire, de la face et du crâne ont été découverts dans les sédiments. Sous les scanners, la tête reconstituée a avoué avoir peut-être pensé un jour « être ou ne pas être ».

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Apparition Panafricaine

« Un visage que vous pourriez croiser quotidiennement dans la rue », explique Jean-Jacques Hublin, l’archéologue qui a fait la découverte avec son homologue marocain Abdelouahed Ben-Ncer. Mais la préoccupation principale de l’aïeul était plus vraisemblablement de nourrir sa famille. Car la grotte du Djebel Irhoud était probablement un campement de chasse, expliquent les savants. Les trois adultes, l’adolescent et l’enfant réunis dans la strate étudiée formaient-ils un groupe ? Comment ont-ils pu mourir dans cet habitat provisoire ? Les autopsies n’ont pas – encore – fait la lumière sur ces points, mais l’étude des armes et des outils retrouvés avec eux indiquerait qu’ils habitaient à une trentaine de kilomètres, près de la carrière de pierre qu’ils exploitaient.

L’Afrique était alors entièrement couverte de végétation, c’était la période du « Sahara vert », et dans la savane autour du Djebel Irhoud les hommes chassaient le zèbre et la gazelle tout en pouvant eux-mêmes devenir la proie des lions. Dans cet espace continental sans barrière désertique, l’espèce dont nous descendons tous s’est répandue et brassée, et l’apparition d’Homo sapiens a été panafricaine plus qu’éthiopienne ou marocaine, tend à nous dire ce visage sorti du fond des âges.

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