Niger : un drone à tout faire
Petit-fils de l’ancien président Seyni Kountché, Aziz Kountché est depuis 2016 à la tête de Drone Africa Service. Une start-up unique dans la région qui n’a pas tardé à trouver sa clientèle.
Niger : sur tous les fronts
Malgré une conjoncture économique et sécuritaire difficile, le pays conserve sa stabilité politique et maintient le cap vers le développement. Bilan de la première année du nouveau quinquennat.
Le prototype d’un immense drone rouge et jaune de plus de 3 mètres de longueur trône dans le salon de la villa familiale, pas très loin du palais présidentiel. Cette maison que fit construire son illustre grand-père, Seyni Kountché, qui dirigea le pays de 1974 à 1987.
« Chez les Kountché, nous avons le sens de la discipline et du travail bien fait », s’enorgueillit aujourd’hui son petit-fils Aziz, 33 ans, PDG de Drone Africa Service (DAS). Créée en 2016, cette start-up ambitieuse et unique dans la sous-région affiche un chiffre d’affaires annuel avoisinant les 20 000 euros.
DAS propose des services de cartographie en milieu extrême, des relevés d’inspection, de la surveillance des aires protégées, de la communication. Prix moyen d’une prestation : 500 euros la journée, bien moins chère que n’importe quelle entreprise européenne.
Tout a commencé il y a dix-sept ans. Aziz Kountché, tout jeune pilote d’ULM, fabrique des modèles réduits d’avions dans sa chambre.
DAS propose des services de cartographie en milieu extrême, des relevés d’inspection, de la surveillance des aires protégées, de la communication
Plus tard, pour payer ses études en marketing, il donne des cours particuliers de modélisme. Un jour, on lui demande s’il peut créer un modèle réduit capable de réaliser des photos du ciel.
Patriotique
Aziz Kountché relève le défi et fabrique son premier drone en 2011, le T 900. « J’ai dessiné les plans moi-même, j’ai acheté le bois sur le marché de Katako. Curieusement, ce drone a tout de suite bien fonctionné, il n’a jamais subi de casse. »
Il installe une petite caméra-appareil photo de type NDVI à son bord, puis il achète l’électronique, qu’il fait venir de France. C’est le début d’une grande aventure. « Au début, mes amis n’y croyaient pas. Ils ont arrêté de se moquer de moi lorsqu’ils ont vu passer mon drone dans le journal de 20 heures. »
Tout ce qu’il gagne, Aziz le réinvestit dans de l’équipement, et les commandes s’accélèrent. En 2013, le jeune consultant indépendant fait des prises de vues des digues pour protéger les villages des inondations dans la région de Gaia, pour le compte de la Croix-Rouge luxembourgeoise.
Dans les prochains mois, DAS devrait même proposer ses premiers drones commerciaux, entre 20 000 et 40 000 euros pièce, caméra comprise
Puis la coopération allemande lui commande des études environnementales et agroécologiques.
Dans les prochains mois, DAS devrait même proposer ses premiers drones commerciaux, entre 20 000 et 40 000 euros pièce, caméra comprise. « J’ai la fibre patriotique, je veux créer des emplois en utilisant la main-d’œuvre locale. Nous avons déjà testé ce futur drone commercial dans des opérations de surveillance des forêts pour lutter contre le braconnage, et nous en sommes très satisfaits. » Certains d’entre eux seront désormais consacrés à l’environnement sécuritaire.
Peur
En août 2016, DAS a d’ailleurs réalisé plusieurs missions pour l’UNHCR afin de cartographier les camps de réfugiés et de déplacés dans la région de Diffa, à la frontière avec le Nigeria, là où Boko Haram sévit régulièrement.
« J’ai eu très peur. Ce n’était pas sans risque de travailler dans une zone de conflit. En plus, je n’ai pas eu de chance, j’ai cassé un drone lors de la première mission. Heureusement, les autres ont tenu le coup. C’est le risque de ce métier, on n’est jamais à l’abri d’une avarie technique. »
DAS devrait bientôt, en accord avec une grande ONG internationale, participer à des opérations humanitaires en larguant des médicaments dans des zones inaccessibles. « Le drone va bouleverser notre monde, car c’est un engin capable de réaliser énormément de choses, se félicite Aziz. Surtout des bonnes, comme sauver des vies par exemple. »
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