Crise en Libye : la National Oil Corporation maintient le contact avec toutes les parties

Guidé par le souci constant de préserver un semblant d’unité et fort de ses bons résultats, le président de la National Oil Corporation (NOC), Mustafa Sanalla est devenu une figure clé du pays.

Mustafa Sanalla, patron de la compagnie nationale libyenne de pétrole, en janvier 2016 à Londres. © Kirsty Wigglesworth/AP/SIPA

Mustafa Sanalla, patron de la compagnie nationale libyenne de pétrole, en janvier 2016 à Londres. © Kirsty Wigglesworth/AP/SIPA

CRETOIS Jules

Publié le 11 juillet 2017 Lecture : 2 minutes.

«Sur le papier, c’est un technocrate neutre, un exécutant formellement placé sous l’autorité du Conseil présidentiel et du gouvernement d’union nationale [GUN] dirigé par Fayez al-Sarraj depuis Tripoli », estime un journaliste libyen. « C’est un ingénieur et un manager respecté », ajoute Jalel Harchaoui, chercheur spécialiste de la Libye à l’université Paris-VIII.

Mais la situation politique du pays rend la tâche de Mustafa Sanalla, président depuis mai 2014 de la National Oil Corporation (NOC), la compagnie pétrolière nationale, plus délicate.

Sanalla est perçu comme l’une des figures – si ce n’est la seule – à préserver un semblant d’unité en Libye

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Sanalla est néanmoins l’une des rares personnalités libyennes à parler à tous les camps politiques, maintenant un contact étroit à la fois avec le GUN et avec le maréchal Khalifa Haftar, à la tête de l’Armée nationale libyenne (ANL).

C’est à ce titre que Sanalla est perçu comme l’une des figures – si ce n’est la seule – à préserver un semblant d’unité en Libye. Lorsqu’il signe un contrat d’exploitation avec la société russe Rosneft en 2017, c’est en coordination avec Haftar, qui contrôle les champs pétrolifères, et avec la Banque centrale de Libye (BCL), à Tripoli, où il continue à transférer les revenus des exportations de pétrole.

L’aura de Mustafa Sanalla

Ce souci constant de l’unité a conduit Sanalla à mener une guerre patiente – et victorieuse – contre quelques irréductibles, parmi lesquels Ibrahim Jadhran, chef de la Garde des installations pétrolières et autonomiste de la Cyrénaïque, qui avait bloqué les ports pétroliers de la région entre 2013 et 2014.

« L’aura de Sanalla lui avait alors valu de recevoir le soutien des États-Unis contre Jadhran », nous explique un journaliste local. Puis il a bataillé pour défendre l’unité de la NOC, notamment contre Naji el-Maghrebi, qui s’était autoproclamé nouveau patron de l’office en 2015.

 Il ne se prive même pas de critiquer ouvertement les ambitions du Conseil présidentiel de Sarraj

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Sorti victorieux de ce bras de fer, il a pu annoncer en 2016 le retour de Maghrebi dans le giron d’une NOC unifiée. Depuis, Sanalla ne cesse d’annoncer des signatures de contrats et l’augmentation des exportations de brut.

De quoi l’auréoler d’un prestige certain et lui conférer une plus grande marge de manœuvre. Désormais, il ne se prive même pas de critiquer ouvertement les ambitions du Conseil présidentiel de Sarraj.

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Dans une tribune publiée par le New York Times le 20 juin, il déplorait la volonté des autorités de Tripoli de s’arroger par décret des prérogatives qu’il revendique, comme la fixation du prix de vente du pétrole et la négociation d’agréments de concessions avec des compagnies étrangères.

Mustafa Sanalla se place au-dessus de la mêlée et assume pleinement son nouveau double statut d’homme fort du secteur pétrolier et de personnalité clé du pays.

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