Législatives au Gabon : les grandes manœuvres ont commencé

Les législatives, qui doivent se tenir avant la fin de l’année, verront s’affronter nombre de formations, dont certaines viennent de se constituer. Si les forces d’opposition sont déterminées à remporter le scrutin, leurs divisions pourraient profiter à la majorité présidentielle.

Ali Bongo Ondimba, en visite officielle à Pékin, le 7 décembre 2016. © Fred Dufour/AP/SIPA

Ali Bongo Ondimba, en visite officielle à Pékin, le 7 décembre 2016. © Fred Dufour/AP/SIPA

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Publié le 12 juillet 2017 Lecture : 3 minutes.

Scène de rue dans le centre de Libreville. © Tiphaine Saint-Criq pour JA
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Gabon : second souffle

Depuis un an, le Gabon traverse une crise à la fois politique et financière. La première est en cours de résolution depuis qu’un dialogue national a été engagé ; la seconde a nécessité l’intervention du FMI, qui vient d’accorder un prêt à Libreville. Reste au pays à surmonter ses contradictions, pour se remettre pleinement au travail.

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« C’est fini. Nous avons perdu la présidentielle. Il faut maintenant préparer l’avenir », affirme Mesmin Ngabikoumou Wada, 40 ans, qui vient d’entrer en politique. Encarté chez Les Démocrates, parti récemment créé par Guy Nzouba-Ndama (lire interview ci-contre), il envisage, avec d’autres, de se porter candidat aux législatives. Ses propos traduisent l’état d’esprit qui règne au sein de la coalition qui a soutenu Jean Ping, le « candidat unique » de l’opposition.

Ngabikoumou et son mentor, Nzouba – un ex-président de l’Assemblée nationale qui a démissionné du perchoir pour se présenter à la présidentielle avant de se désister –, se sont éloignés de la ligne imposée par Ping depuis que ce dernier a estimé que l’élection lui avait été volée.

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Il refuse toujours de reconnaître la victoire d’Ali Bongo Ondimba (ABO) et ne participera aux législatives qu’à la condition qu’elles soient organisées par ses soins, après le départ d’ABO. Les Démocrates ne sont pas les seuls à contester l’intransigeance de Ping. Casimir Oyé Mba prend également le large. Lui qui s’était désisté à quelques semaines du scrutin pour soutenir Jean Ping a organisé une conférence de presse le 26 mai dernier pour rappeler toutes les parties à leurs devoirs.

C’est à ABO et Jean Ping de prononcer les mots qui enclencheront dans les esprits le processus de l’apaisement

« C’est à [ABO et Jean Ping] de prononcer les mots, de faire les gestes, de poser les actes qui enclencheront dans les esprits le processus de l’apaisement et de la sortie de crise. Ils doivent pour cela fermer leurs oreilles aux incitations de leurs « faucons » respectifs. Ils doivent dépasser leur propre personne pour s’élever et se hisser au niveau des exigences du moment. Ils doivent l’un et l’autre faire des sacrifices pour sortir le Gabon de l’impasse », a exhorté l’ancien Premier ministre.

Dans la salle, Moukagni Iwangou, Paulette Missambo, François Ondo Edou et quelques autres poids lourds de l’opposition sont venus en renfort.

Les partis traditionnels en décomposition

La coalition est proche de l’explosion, tandis que la décomposition des partis traditionnels s’accélère. À l’image de l’Union nationale (UN) de Zacharie Myboto, secouée par les départs successifs de ses cadres et militants. Dernière démission en date, celle de Mike Jocktane, quatrième vice-­président du parti, qui a décidé, contre l’avis des instances de sa famille politique, de prendre part au dialogue politique convoqué par ABO.

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Cet ex-lieutenant d’André Mba Obame a claqué la porte avant la tenue du conseil de discipline convoqué pour statuer sur son cas. Avant lui, Estelle Ondo avait déjà été exclue par cet organe couperet. On reproche à celle qui était alors l’une des vice-présidentes du parti d’avoir accepté d’entrer au gouvernement formé par Emmanuel Issoze-Ngondet au lendemain de la présidentielle. La ministre de l’Économie forestière, de la Pêche et de l’Environnement a attaqué la délibération au tribunal, non pas pour conserver sa carte de membre mais pour mettre en évidence le caractère « rétrograde » de ses dirigeants.

En attendant l’issue de la procédure, elle réfléchit à créer un nouveau parti politique avec Mike Jocktane. Mais le temps presse, d’autant que ce dernier envisage de se présenter aux législatives dans le 2e arrondissement de Port-Gentil. Ceux qui restent au sein de l’UN n’ont pas moins l’intention de participer au scrutin, quitte à s’attirer les foudres de l’ex-cacique du parti au pouvoir, devenu l’un des partisans les plus radicaux de la ligne dure imposée par Jean Ping.

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La partition de l’UPG inévitable

Quant à l’autre grand parti d’opposition, l’Union du peuple gabonais (UPG), sa partition semble irréversible. Patron de la tendance « légaliste », arrivé en troisième position avec 0,53 % des suffrages exprimés ors de la présidentielle, Bruno Ben Moubamba a été bombardé par ABO vice-Premier ministre en charge de l’Urbanisme, de l’Habitat social et du Logement. Fort de cette légitimité « décrétale », il a opéré, le 15 octobre dernier, la mutation de « son » UPG, désormais désignée Alliance pour le changement et le renouveau (ACR). En revanche, Moukagni Iwangou, lui, est plus que jamais « upégiste », désormais seul héritier du sigle.

Les deux formations politiques devraient se livrer une lutte sans merci pour le contrôle de l’électorat fidèle à la mémoire de Pierre Mamboundou, le fondateur de l’UPG, décédé en 2011. De nombreux partis devraient donc participer à ces élections. Alliances éphémères et naissance de nouvelles formations annoncent une recomposition du paysage politique en fonction du poids des uns et des autres au sein de la nouvelle Assemblée nationale.

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