Tunisie-Maroc : la mésentente cordiale
Pourquoi Mohammed VI n’a-t-il pas reçu Youssef Chahed, le Premier ministre tunisien, à l’occasion de la visite de ce dernier à Rabat, où il a coprésidé avec son homologue Saadeddine El Othmani la 19e session de la Haute Commission mixte maroco-tunisienne, les 18 et 19 juin ?
Pour des raisons d’agenda royal, assure-t‑on du côté marocain ; à cause d’un quasi-incident diplomatique, dit-on à Tunis. En réalité, il y a bien eu deux couacs lors de la rédaction du communiqué final de la Haute Commission. À propos de la Libye tout d’abord, et plus particulièrement des accords politiques de Skhirat de décembre 2015. La partie tunisienne a demandé que soit fait simplement mention des « accords politiques » sans que soit ajouté le nom de la ville marocaine où ils ont été conclus – une position semblable à celle de la diplomatie algérienne, qui ne cite jamais Skhirat. Avant de finir par y consentir.
À propos du Sahara occidental ensuite. La partie marocaine souhaitait voir reprendre la formulation utilisée par le Conseil de sécurité de l’ONU saluant « les efforts sérieux et crédibles » du royaume en vue de trouver une solution à ce conflit. Refus de la délégation tunisienne, qui s’en tient à l’assertion classique : « soutien aux efforts » de… l’ONU. Les deux parties se sont donc mises d’accord pour ne pas aborder le sujet dans le communiqué final.
La Tunisie de plus en plus alignée sur l’Algérie ?
Est-ce pour cela que l’audience royale n’a pas eu lieu ? « Rien à voir, jure-t‑on à Rabat. D’ailleurs, elle n’était pas inscrite dans l’agenda. » Il n’empêche : en privé, un haut responsable marocain ne cache pas sa « déception » de voir la Tunisie « s’aligner de plus en plus sur l’Algérie ». Avant de regretter « le vrai climat d’entente cordiale » qui régnait entre les deux capitales quand Moncef Marzouki était président.
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