Football : les ambitions de Christine Ezoua, présidente du FC Moossou

Depuis deux ans, le FC Moossou de Grand-Bassam évolue en Ligue 1. À sa tête, une femme, Christine Ezoua, qui compte bien installer le club parmi l’élite du football ivoirien.

Christine Ezoua entourée des joueurs de son équipe, en mai. © Youri Lenquette pour JA

Christine Ezoua entourée des joueurs de son équipe, en mai. © Youri Lenquette pour JA

Alexis Billebault

Publié le 26 juillet 2017 Lecture : 3 minutes.

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Avant de quitter la Côte d’Ivoire pour aller poursuivre des études supérieures aux États-Unis, son père avait joué pour le Stade d’Abidjan. Elle-même, lorsqu’elle était enfant, taquinait la balle dans son quartier de Cocody, « quasiment toujours avec des garçons », se souvient-elle. Christine Ezoua n’a donc pas attendu son époux, Jacques Aka, pour découvrir le football. Ingénieur de formation, ce dernier a fondé le FC Moossou de Grand-Bassam en 2001, avec l’aide de sa femme, qu’il a faite vice-présidente du club.

Lorsqu’il décède, en décembre 2009, et que se pose la question de poursuivre son œuvre à la tête du club, Christine Aka n’hésite pas une seconde : « Pour moi, c’était une évidence. Nous avions investi des sommes importantes, consacré beaucoup de temps pour structurer et faire évoluer le club. Certaines personnes m’ont dit de rester à la maison et de m’occuper de mes quatre enfants. Il n’en était pas question. »

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Une reconversion professionnelle

Issue d’un milieu plutôt aisé (père banquier, mère secrétaire de direction) – « je dirais plutôt issue de la classe moyenne », rectifie-t‑elle –, Christine Ezoua a abandonné les études après l’obtention de son bac, préférant voyager et découvrir le monde.

« Quand je suis revenue à Abidjan, j’ai travaillé. L’un de mes centres d’intérêt était la coiffure, j’ai donc ouvert un premier salon, que j’ai fermé, puis un second, dont j’ai arrêté l’activité quand mon mari a quitté ce monde », explique-t‑elle.

C’est rare mais ce n’était pas une première » confie Christine Ezoua sur son arrivée à la présidence

Son arrivée à la présidence de ce jeune club posé sur le rivage de l’océan Atlantique s’est faite naturellement, sans réveiller trop de réflexes machistes dans un milieu pourtant gonflé de testostérone. « Au contraire. Les présidents des autres clubs professionnels m’ont bien accueillie.

Ils m’ont aidée et conseillée, car j’avais beaucoup à apprendre. Il y avait déjà eu une femme président d’un club ivoirien par le passé. Même si c’est rare, ce n’était pas une première. »

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Une gestionnaire financière avant tout

La quadra (elle a 44 ans) doit un peu forcer sa nature – qu’elle dit « timide et plutôt réservée » – depuis que le FC Moossou s’est hissé en Ligue 1 ivoirienne, en 2015. « Le club est davantage exposé, je suis plus sollicitée, confie-t‑elle. Mais je reste à ma place, je ne pense pas être trop interventionniste au niveau sportif. »

Avec un budget annuel d’environ 200 millions de F CFA (près de 305 000 euros), le club du littoral a comme priorité de rester en Ligue 1. Christine Ezoua n’ignore rien des réalités économiques du football ivoirien, où la culture du sponsoring n’est pas encore développée.

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« Nous cherchons des partenaires pour permettre au club d’évoluer. » Et c’est pour lui donner cette nouvelle impulsion que le FC Moossou a vu arriver il y a quelques mois de nouveaux actionnaires.

En attendant de voir son club disputer une Coupe d’Afrique – l’un de ses objectifs à moyen terme –, Christine Ezoua espère finaliser la construction du centre de formation du FC Moossou et d’un stade. « Les plans sont prêts, les financements également. »

Elle a rencontré récemment Nanan Kanga Assoumou, le roi de Moossou, afin de trouver le terrain qui accueillera ce projet.

Et, comme si le temps consacré à sa famille, au club et à l’agence immobilière de son compagnon ne suffisait pas à remplir son agenda, Christine Ezoua est présidente de la commission chargée du football féminin au sein de la Fédération ivoirienne de football (FIF), dont elle est membre du comité exécutif depuis début 2016. Une hyperactive, on vous dit.

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