Côte d’Ivoire : la filière aurifère en pleine effervescence
L’État ivoirien accorde de nouveaux permis d’exploration, quatre gisements sont exploités, un cinquième le sera début 2018 : la filière est en pleine effervescence.
Que veulent les Ivoiriens ?
Gouvernance, développement, réconciliation, réformes… L’action de l’exécutif est scrutée par les Ivoiriens, avec l’élection présidentielle de 2020 en ligne de mire. Jeune Afrique fait le point.
Restée pendant longtemps inexplorée, contrairement à celles des voisins ghanéens, maliens et burkinabè, la filière aurifère ivoirienne attise désormais l’intérêt de majors et de juniors du monde entier. Pour exploiter le filon, le gouvernement a élaboré en 2013 un nouveau code minier (adopté en mars 2014), que l’ensemble des professionnels estiment attractif.
Le cadastre minier continue d’être mis à jour et l’État a accéléré la délivrance de nouveaux permis d’exploration et de recherche. Plus de 200, dont les trois quarts pour l’or, sont en cours de validité, détenus par des compagnies internationales, mais aussi par quelques juniors ivoiriennes.
Parmi elles, B&F Minerals, dont l’actionnaire majoritaire est l’Ivoirien Bamba Tahi, explore le permis de Zoukougbeu (Centre-Ouest), dont les réserves estimées sont d’environ 23 tonnes, en partenariat avec l’australien Tietto Minerals.
Une exploitation également clandestine
Le revers de la médaille est que tous les orpailleurs clandestins de la sous-région ont également été attirés par ce nouvel eldorado. La situation agace au plus haut point le gouvernement, qui, malgré les opérations musclées et réussies pour les stopper, reste parfois impuissant.
« En 2015 et 2016, il a lancé une grande opération qui a permis de procéder à la fermeture de 142 mines clandestines. Aujourd’hui, elles ont déjà toutes été recolonisées par les orpailleurs, déplore Bruno Koné, le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication. Pis, 47 autres sites d’exploitation illégale ont été ouverts. Mais l’État ne reculera pas : nous avons opté pour la fermeté et une nouvelle opération de fermetures sera lancée. »
Un domaine en pleine expansion
Les réserves d’or prouvées du pays sont estimées à 600 t. La production industrielle a quant à elle atteint 25 t en 2016, en hausse de près de 6,4 % par rapport à 2015.
Dans le même temps, le chiffre d’affaires du secteur, toutes filières confondues, est passé de 479,22 milliards à 483,69 milliards de F CFA (de 730,5 millions à 737,3 millions d’euros) et ses recettes de 30 milliards à 35 milliards de F CFA, soit une hausse de 16,5 %. D’ici à 2020, la production industrielle d’or devrait atteindre 30 t, grâce notamment à la mise en exploitation de deux nouveaux gisements.
Le pays présente un fort potentiel, avec d’énormes possibilités en matière d’exploration », explique Mark Bristow, directeur exécutif de Randgold Resources
L’un est opéré par l’australien Perseus Mining, à Sissingué, dans le Nord, et doit entrer en production avant la fin de l’été. L’autre, qui était développé par une filiale de l’américain Tau Capital Investment, à Aféma, dans le Sud-Ouest, a été repris par la junior Global Gold Production (GGP), immatriculée au Panama.
« Le pays présente un fort potentiel, avec d’énormes possibilités en matière d’exploration », explique Mark Bristow, directeur exécutif de Randgold Resources qui, via sa filiale Société des mines de Tongon (Nord), exploite depuis six ans le plus grand site industriel du pays.
La major britannique en a extrait 6,9 t d’or en 2015, 8 t en 2016 et table sur une production de 8,5 t pour 2017. Elle prévoit de nouveaux investissements pour allonger la durée de vie de Tongon et poursuit par ailleurs ses activités d’exploration.
Outre celle de Randgold, trois autres mines sont en phase d’exploitation dans le pays, dont deux détenues par le Canadien Endeavor Mining (qui a conclu un partenariat stratégique avec son compatriote La Mancha), à Agbaou et à Ity, où le groupe prévoit de faire des investissements massifs d’environ 200 milliards de F CFA d’ici à la fin de l’année pour réaliser des travaux d’extension et construire une nouvelle unité de production d’une capacité de traitement de 3 millions de tonnes. L’Australien Newcrest Mining exploite quant à lui la mine de Bonikro, près de Hiré.
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