Côte d’Ivoire : les industriels à l’offensive pour doper la production de cacao
Pendant que les multinationales lancent des projets de plantations XXL, pour améliorer les rendements, le marocain OCP analyse la fertilité des sols et forme des milliers de petits exploitants.
Que veulent les Ivoiriens ?
Gouvernance, développement, réconciliation, réformes… L’action de l’exécutif est scrutée par les Ivoiriens, avec l’élection présidentielle de 2020 en ligne de mire. Jeune Afrique fait le point.
L’État veut accélérer l’industrialisation de la filière cacaoyère. En attendant le renforcement des mesures incitatives qui permettront de développer, enfin, la transformation locale des fèves, plusieurs multinationales ont lancé des projets de plantation industrielle. Pour soutenir cette nouvelle stratégie, le gouvernement a mis en place le Programme national d’investissement agricole (PNIA), directement géré par Mamadou Sangafowa Coulibaly, ministre de l’Agriculture. De son côté, le Conseil du café-cacao (CCC) a créé une plateforme de partenariat public-privé (PPPP) afin de mieux coordonner et mutualiser les ressources dans le cadre du programme national de développement durable de la filière.
L’objectif est d’améliorer le revenu des systèmes de production en misant sur une meilleure productivité des exploitations pour sécuriser le revenu des exploitants. Le point névralgique du programme repose sur la professionnalisation des agriculteurs et de leurs organisations, mais la nécessité de développer la transformation et la consommation est également prise en compte.
Dans ce cadre, les grands groupes internationaux du négoce de cacao et de chocolat ont conclu des programmes de développement de la filière avec le gouvernement, qui a mis à contribution le CCC, l’Agence nationale d’appui au développement rural (Anader) et le Centre national de recherche agricole (CNRA), ses bras armés dans le monde paysan.
La PPPP a déjà permis de mobiliser plus de 36,5 milliards de F CFA (plus de 55,6 millions d’euros), via 19 protocoles d’accord.
« Le gouvernement est déterminé à mettre en place un cadre propice d’investissement dans la culture du cacao, encore dominée par les exploitations familiales, explique Mamadou Sangafowa Coulibaly. Certains projets visent à apporter une industrialisation des plantations avec de bonnes pratiques agricoles. »
Une opération séduction réussie
C’est sur ce terrain que se sont lancées plusieurs multinationales, notamment le groupe belge KKO International, via sa filiale Solea. Cette dernière entend planter environ 100 000 ha dans le centre du pays, dans la zone de l’ex-boucle du cacao.
Pour le moment, Solea a investi dans une première phase de 1 000 ha. La société est motivée par le soutien du gouvernement pour ses premiers pas dans le pays, mais son ambition d’exploiter 3 500 ha dans un deuxième temps, puis 100 000, risque d’être rapidement confrontée à des problèmes fonciers.
Pour améliorer les rendements, en juin 2015, le groupe OCP, géant marocain des phosphates, a conclu trois accords de coopération avec le CCC et les organismes publics d’encadrement des producteurs.
Ils portent sur l’analyse de la fertilité des sols grâce à un laboratoire mobile et sur la formation d’environ 5 000 paysans à l’utilisation efficace et raisonnée des engrais phosphatés, pour améliorer la productivité tout en préservant l’environnement. Le projet a pris corps depuis février avec le lancement par le groupe marocain de la caravane OCP School Lab dans la région du Sud-Ouest, cœur de la production cacaoyère.
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