Comment créer sa chaîne privée en Algérie ?

Une cinquantaine de télés fonctionnent illégalement en Algérie. Le parcours de Madjid, directeur d’un quotidien algérien arabophone.

Une station services Naftal à Bridja, commune de Staoueli, Zeralda, dans la wilaya d’Alger. © Habib Kaki/CC/Wikimedia Commons

Une station services Naftal à Bridja, commune de Staoueli, Zeralda, dans la wilaya d’Alger. © Habib Kaki/CC/Wikimedia Commons

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Publié le 27 juillet 2017 Lecture : 1 minute.

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La révolution des télévisions privées au Maghreb

La libéralisation du secteur de l’audiovisuel a été accélérée par le printemps arabe dans les pays du Maghreb. Apparition de nouvelles chaînes, mises en place de nouvelles règles de régulation, modèle économiques en construction… Jeune Afrique fait le point sur un secteur en pleine évolution au Maroc, en Tunisie et en Algérie.

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Madjid souhaite lancer une TV privée dans la foulée de la libération du paysage audiovisuel amorcée en avril 2011. Nous sommes au printemps 2013. Les textes réglementaires n’ayant pas encore été adoptés, notre directeur se heurte à un vide juridique. Pour le contourner, il se rend en Jordanie, qui connaît déjà une réelle avancée en matière d’ouverture médiatique. Sur place, il s’entoure des conseils d’un avocat – spécialisé en montage de sociétés audiovisuelles – qui possède un précieux carnet d’adresses dans le milieu des affaires jordanien.

Pendant que l’avocat prépare les documents nécessaires à la création de sa nouvelle entreprise, Madjid ouvre un compte bancaire qu’il crédite de 50 000 dinars jordaniens (environ 60 000 euros), montant minimal requis pour l’inscription au registre du commerce.

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Une pure formalité

Une fois ficelé, le dossier est déposé à l’Audiovisual Media Commission (AMC), le CSA jordanien, qui opère sous l’autorité du Conseil des ministres du royaume hachémite. Les services de renseignements jordaniens enclenchent ensuite une enquête d’habilitation, ainsi que l’exige la législation locale. Un mois après le dépôt, Madjid est alors convoqué par un colonel jordanien pour une audition.

« Il avait déjà tous les renseignements sur ma personne et sur mes activités en Algérie, témoigne-t-il. Ce fut une pure formalité. » Une fois sa nouvelle entreprise créée et le quitus obtenu auprès de cette autorité, notre nouveau patron signe une convention d’une durée de cinq ans renouvelable avec l’AMC. Les documents sont déposés à l’ambassade d’Algérie à Amman, qui les achemine par valise diplomatique à Alger avant qu’ils soient transmis au ministère de la Communication.

En qualité d’investisseur étranger, Madjid s’engage à générer de l’emploi en Jordanie et à favoriser les produits locaux. Il n’en sera rien. En réalité sa société est une coquille vide, et son compte bancaire n’a jamais été alimenté. Elle ne sert que d’entité juridique pour la chaîne qui opère en Algérie depuis mai 2013.

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