Côte d’Ivoire – Joël N’Guessan (RDR) : « Dans certains domaines, nous avons déjà dépassé le stade de l’émergence »

Ancien ministre des Droits de l’homme de Laurent Gbagbo, secrétaire général adjoint et porte-parole principal du Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel) depuis mars 2012, Joël N’Guessan, 61 ans, est réputé pour son franc-parler. Il livre son sentiment sur la situation sociopolitique, ainsi que ses aspirations pour le pays.

Joel Nguessan (Côte d’Ivoire), porte-parole du Rassemblement des Républicains (RDR), le parti d’Alassane Ouattara, au pouvoir. © Vincent Fournier/JA

Joel Nguessan (Côte d’Ivoire), porte-parole du Rassemblement des Républicains (RDR), le parti d’Alassane Ouattara, au pouvoir. © Vincent Fournier/JA

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Publié le 26 juillet 2017 Lecture : 3 minutes.

Des étudiants quittent l’université Houphouet Boigny en fin de journée, en 2014, à Abidjan, en Côte d’Ivoire. © Olivier / Jeune Afrique
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Que veulent les Ivoiriens ?

Gouvernance, développement, réconciliation, réformes… L’action de l’exécutif est scrutée par les Ivoiriens, avec l’élection présidentielle de 2020 en ligne de mire. Jeune Afrique fait le point.

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Jeune Afrique : Depuis le début de l’année, la Côte d’Ivoire a vécu deux mutineries conduites par d’ex-soldats rebelles intégrés à l’armée régulière. Comment en est-on arrivé là ?

Joël N’Guessan : Il faut rappeler que la gestion des mutineries relève de la responsabilité de la hiérarchie militaire et des personnes chargées de l’encadrement de nos forces de défense et de sécurité. Il y a certainement eu des incompréhensions entre ces responsables et les mutins, mais ces dysfonctionnements ont été rapidement identifiés, et le calme est revenu.

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Comment le pays a-t-il pu garder la confiance des investisseurs ?

Il a la chance d’avoir à sa tête une personnalité connue des milieux financiers internationaux. En 2011, au moment où le président Ouattara en prenait les rênes, la Côte d’Ivoire était en décroissance [– 4,2 %]. Dès 2012, son économie enregistrait un taux de croissance de 10 %, qui oscille depuis entre 7 % et 10 % : du jamais-vu pour un pays sortant d’une telle crise. Cela a fortement contribué à fonder la confiance de nos partenaires.

Pensez-vous que la Côte d’Ivoire puisse atteindre l’émergence dès 2020, comme l’a promis Alassane Ouattara ?

La question est de savoir ce que recouvre la notion d’émergence. Pour moi, il s’agit en premier lieu de disposer d’eau potable et d’électricité, d’avoir des hôpitaux et des centres de santé, de doter notre pays d’infrastructures scolaires et universitaires et de centres de formation technique et professionnelle, de créer des conditions favorables à l’investissement – privé, local et étranger –, pour offrir des emplois à nos millions de jeunes et de femmes.

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Au regard de tout cela, nous avons déjà dépassé le stade de l’émergence dans certains domaines. Je reconnais qu’il reste des étapes à franchir, mais je n’ai aucun doute que ce sera fait d’ici à 2020, car des progrès spectaculaires ont déjà été réalisés, et cette tendance sera maintenue.

Comme je l’ai souvent dit aux jeunes : « Si tu cherches un emploi, crée-le ! »

Comment assurer une meilleure redistribution des richesses ?

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Il faut que l’État accélère les procédures et les règles de financement des activités privées et qu’il encourage ces dernières, car il ne peut pas employer tout le monde. Comme je l’ai souvent dit aux jeunes : « Si tu cherches un emploi, crée-le ! » À l’État de faire en sorte que les conditions soient réunies pour cela.

Il est par ailleurs nécessaire d’améliorer notre gouvernance et que les structures chargées d’y veiller jouent pleinement leur rôle de façon que chaque cadre garde en tête qu’il a été nommé à un poste pour servir l’intérêt national et non pas pour se servir.

De nombreux Ivoiriens se plaignent encore de voir des intérêts personnels prendre le pas sur ceux du plus grand nombre.

Qu’attendez-vous de la majorité et de l’opposition ?

Que la première gouverne et que la seconde s’oppose ! Mais notre souhait est d’avoir une opposition responsable, comme il en existe dans les pays démocratiques, c’est-à-dire qui formule des critiques objectives et constructives.

Quelle est votre plus grande aspiration pour le pays ?

Mon rêve est de voir confirmer notre désir de vivre ensemble et que nos turpitudes des vingt dernières années ne se répètent plus. Mon rêve est de ne plus voir de guerre de succession en Côte d’Ivoire…

Même si la réconciliation est un long processus, depuis avril 2011, les Ivoiriens ont réappris à vivre ensemble, ils ne se regardent plus en ennemis, et je souhaite que dans leur ensemble, à commencer par les politiques, ils se tournent résolument vers le développement et le bien-être de tous.

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