RDC : balade dans les rues branchées de Bandal
Ateliers de théâtre ou de danse, résidences d’artistes, clubs à la mode… La commune de Bandalungwa est un concentré de la culture urbaine de Kinshasa.
La RDC, hors normes
Un échiquier politique illisible, des élections qui une fois encore risquent d’être reportées, une dépression financière sans précédent… Face aux incertitudes auxquelles ils sont confrontés, les Congolais semblent pourtant ne pas se résigner.
Située dans le nord-ouest de Kinshasa, voisine de la Gombe et connue pour son dynamisme culturel, la commune de Bandalungwa – Bandal pour les initiés – compte parmi ses anciens et actuels résidents des artistes parmi les plus réputés du pays comme Werrason, JB Mpiana et Fally Ipupa. Ces stars, qui attirent des foules d’admirateurs lors de chacune de leurs sorties, n’hésitent pas, quand elles s’expriment dans les médias, à se muer en chargées de relations publiques et à assurer la promotion de leur commune.
Bandal est dépourvue du moindre monument digne d’intérêt. Pas de musée non plus pour attirer les amateurs d’art. Et pourtant, la jeunesse locale rivalise de superlatifs pour mettre sa commune sur un piédestal. Certains la comparent même à Paris, avec fierté. Voire avec un léger complexe de supériorité face aux habitants des quartiers populaires de l’est de la ville, beaucoup moins urbanisés.
Bordée d’arbres, la large avenue Kasa-Vubu, qui traverse Bandal d’est en ouest, est d’ailleurs surnommée localement les Champs-Élysées. Même si son tracé est loin d’offrir les mêmes perspectives que la célèbre artère haussmannienne.
Sur les principaux axes de la commune, le trafic est intense. Bus, minibus, véhicules de livraison, taxis et voitures individuelles se disputent la chaussée, dans un concert assourdissant de klaxons. Aux piétons de faire preuve de patience pour traverser, dans un secteur où les passages protégés sont inexistants.
Un public enthousiaste
Cela n’empêche pas les Kinois et les autres de se bousculer dans ce quartier qui multiplie les activités en tous genres. Des ateliers de danse contemporaine et de percussions y sont régulièrement organisés, alors que les représentations théâtrales et les concerts drainent un public enthousiaste. Un véritable engouement devenu au fil du temps une spécificité locale.
Et l’effervescence ne s’arrête pas avec la tombée de la nuit : bars, restaurants et boîtes de nuit aux noms évocateurs (La Fusée, Le Banquier, Tour Eiffel, Top Night…) rythment la vie nocturne et, jusqu’à des heures indues, les rues grouillent de monde.
Les amateurs de bonne chère vont au célèbre Bloc déguster des grillades assaisonnées d’épices et apportées par de jeunes serveurs qui font assaut de talent pour appâter le chaland.
Sur sa quinzaine de terrasses, situées les unes à côté des autres, les sonos crachent les décibels et les musiques s’entrechoquent dans une cacophonie indescriptible. Un endroit très apprécié d’un large public, qui s’y rend pour oublier un temps les soucis du quotidien.
Un paysage en mutation
Pour l’essentiel hérité de la colonisation, le quartier est constitué de maisons à étage bordant un entrelacs de petites rues bitumées, le tout bénéficiant d’une certaine unité architecturale. Par endroits, les constructions font même vaguement penser à des villes du nord de l’Europe. Ce paysage urbain est pourtant aujourd’hui en pleine mutation, au détriment, notamment, des espaces verts.
Principale victime de cette redéfinition en cours des espaces, la fameuse pépinière, située à l’angle des avenues Kasa-Vubu et de la Libération, a été noyée sous les fondations de la Cité-Oasis, construite par une entreprise chinoise et composée d’appartements et de maisons individuelles loués ou vendus à prix d’or.
De nombreux immeubles, les flat-hotels (« appart-hôtels »), sont sortis de terre ces dernières années, financés par les Congolais de la diaspora. L’offre d’hébergement s’en trouve enrichie et diversifiée, notamment en direction des visiteurs qui effectuent de brefs séjours dans la capitale. Ces logements offrent tout le confort nécessaire et leurs tarifs restent raisonnables, même lorsqu’ils sont fixés de gré à gré entre le gérant et son client.
En plus des activités culturelles et nocturnes, la pratique sportive n’est pas en reste à Bandal, où un stade municipal est en cours d’achèvement. Lancés en décembre 2014, les travaux de construction ont été entièrement financés par l’État, qui veut doter cette commune d’infrastructures de bonne qualité.
Le football restera le sport roi, mais d’autres disciplines, comme l’athlétisme, seront également à l’honneur. Après le réconfort, l’effort !
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