En France, il marche, il marche, Hervé Berville

Né au Rwanda il y a vingt-sept ans, Hervé Berville a grandi dans un village breton. Il a rejoint Emmanuel Macron en 2015 avant d’être élu député. Il est aujourd’hui un personnage qui compte sur la scène politico-médiatique.

Le 24 juin. © Saint-Ambroise/EM!

Le 24 juin. © Saint-Ambroise/EM!

Publié le 27 juillet 2017 Lecture : 3 minutes.

D’entrée, Hervé Berville avait annoncé la couleur : il ne nous accorderait une interview qu’à la condition que nous parlions « du fond ». Comprenez : de politique. « On a déjà suffisamment évoqué le Rwanda et mon histoire personnelle, j’aimerais qu’on passe à autre chose… »

Élu député le 18 juin, à 27 ans, avec près de 64 % des voix dans les Côtes-d’Armor, en Bretagne, Berville a fait à l’Assemblée nationale une entrée qui n’est pas passée inaperçue. Comme s’il incarnait à lui seul le renouveau promis par Emmanuel Macron ! Orphelin tutsi né à Kigali, il a été adopté à l’âge de 4 ans, en 1994, par une famille bretonne qui comptait déjà trois enfants. La fratrie a grandi dans le village de Pluduno, 2 000 âmes, où Hervé était, on l’imagine, le seul Noir. A-t‑il pour autant été confronté au racisme ? « Jamais », jure-t‑il.

Je ne suis pas un symbole de l’Afrique, mes références culturelles et philosophiques sont françaises

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Hervé Berville ne renie pas ses origines. En 2015, il est même revenu pour la première fois à Kigali, où il a retrouvé sa sœur (son frère cadet a lui aussi été adopté par une famille française). « Quand on me dit que je suis africain, je ne prends pas ça pour une insulte ! » sourit-il. Mais c’est comme ça : il se sent avant tout français. « J’ai grandi ici et n’ai que très peu de souvenirs du Rwanda, explique-t‑il. Je ne suis pas un symbole de l’Afrique, mes références culturelles et philosophiques sont françaises. » Passionné de littérature, il aime tout particulièrement l’œuvre d’André Breton (1896-1966), éminente figure du mouvement surréaliste.

« J’ai grandi dans une famille humaniste »

Ensuite ? Parcours classique de (très) bon élève : lycée Les Cordeliers à Dinan, Sciences-Po Lille, London School of Economics… « J’ai grandi dans une famille humaniste », raconte Berville. Son père est mécanicien dans l’aviation, sa mère laborantine. À la maison, on parlait politique, mais jamais de façon « clivante ». Alors, naturellement, le discours ni gauche ni droite d’Emmanuel Macron a trouvé chez lui un écho immédiat. Tout comme sa conception intégrationniste de la société française : « À rebours de ceux qui voient dans les immigrés la cause de tous les maux, le président ne met pas les gens dans des cases. » Et sa blague douteuse sur les kwassa-kwassa, ces embarcations de fortune utilisées par les passeurs comoriens pour acheminer des clandestins à Mayotte ? « Une erreur qu’il a lui-même reconnue. » Et la polémique suscitée lors du dernier G20 par ses déclarations sur le défi « civilisationnel » auquel l’Afrique serait confrontée en raison de sa démographie galopante (« sept ou huit enfants par femme ») ? Lesdites déclarations ont paraît-il été « sorties de leur contexte ».

Son adhésion au mouvement En marche!

Au fait, dans quelles circonstances a-t‑il été séduit par l’actuel président de la République ? Dès l’été 2015, il adhère aux Jeunes avec Macron, sorte de préfiguration du mouvement En marche ! Un an plus tard, il devient le référent dudit mouvement dans les Côtes-d’Armor. « Il était le seul ministre dans lequel je me retrouvais. Ni moderniste béat ni socialiste désuet, il avait la volonté de transcender les vieux clivages », a-t‑il confié au quotidien Le Télégramme (Brest).

Économiste à l’Agence française de développement (AFD), il a travaillé trois années durant au Mozambique (2013-2015), puis au Kenya, dans le centre de recherche ouvert là-bas par l’université californienne Stanford. Une expérience qui lui a sans doute permis d’intégrer la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale. « Pour mettre en place des politiques adaptées, il faut considérer l’Afrique dans sa diversité et sa complexité. Il y a là-bas une vitalité entrepreneuriale et une capacité d’innovation impressionnantes », explique Berville.

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Le Brexit puis l’élection de Donald Trump le surprennent alors qu’il se trouve encore en Afrique. Il démissionne de l’AFD, rentre en France, participe à l’élaboration du programme d’En marche ! et s’implique à fond dans la campagne des législatives. On connaît la suite. Retournera-t‑il un jour sur le continent ? « Pourquoi pas, je ne fais jamais de plan de carrière. Si on m’avait dit il y a quelques années que je serais élu député et qu’il me faudrait répondre à vos questions, je ne l’aurais pas cru », s’amuse-t‑il.

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