Zoumana Camara : « Je voulais jouer au football pour la France et j’y suis parvenu »

Zoumana Camara est resté joueur du Paris-SG pendant huit ans. Aujourd’hui entraîneur adjoint du club, le Franco-Malien a toujours su ce qu’il voulait.

« Je voulais jouer pour la France et j’y suis parvenu », dit l’ancien défenseur de Saint-Étienne et de Marseille. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

« Je voulais jouer pour la France et j’y suis parvenu », dit l’ancien défenseur de Saint-Étienne et de Marseille. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

Alexis Billebault

Publié le 3 août 2017 Lecture : 4 minutes.

Au Paris-SG, Zoumana Camara (38 ans) fait partie des incontournables. Il y a terminé sa carrière de joueur en 2015, après huit ans de service. Puis il a glissé en douceur vers sa seconde vie, telle qu’il la voulait. L’ancien international français d’origine malienne (une sélection en 2001) a intégré le staff technique parisien, d’abord sous l’autorité de Laurent Blanc, puis sous celle de l’Espagnol Unai Emery, en juin 2016. « Je termine mes diplômes d’entraîneur. La reconversion au Paris-SG est donc logique », explique-t-il en souriant.

L’homme est apprécié dans le milieu : « C’est un mec qui ne se prend pas pour une star. Il n’en fait pas des tonnes. Il est intelligent, bien élevé, et il a beaucoup de caractère. Il sait ce qu’il veut », résume Patrice Carteron, son ancien coéquipier à Saint-Étienne, aujourd’hui coach de Didier Drogba, à Phoenix.

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Une passion précoce pour le football

Né à Colombes en 1979, Camara est rentré en région parisienne en 2007, après un long exil, pour achever son parcours professionnel dans le meilleur club de ces dernières années.

« J’ai grandi à côté d’un autre grand stade, rempli d’histoire, celui de Colombes, où a longtemps joué l’équipe de France, raconte-t-il. À la maison, ce n’était pas tous les jours facile. Mes parents sont nés au Mali, à Bamako. Mon père est venu le premier, dans les années 1960, pour trouver du travail et avoir une vie meilleure. Il venait de se marier, mais ma mère est arrivée plus tard. » Camara père vit dans des foyers et décroche un emploi de cariste dans une usine de Chelles.

Pour eux, ce n’était pas un vrai métier. Ils voyaient le foot comme un loisir

Quand il parvient à réunir l’argent nécessaire pour louer un appartement à Colombes, sa femme le rejoint. Elle fait des ménages dans le quartier de la Défense, à des horaires rarement compatibles avec les exigences d’une vie de famille nombreuse (trois filles et cinq garçons). « Quand on le pouvait, on allait la chercher pour lui épargner les transports en commun. Mes parents travaillaient dur… », se souvient le fils, ému. La fratrie, parfois à l’étroit dans l’appartement familial, est soudée. Les conditions de vie sont modestes, mais pas précaires. Au collège, quand ses professeurs lui demandent quel métier il veut faire, le jeune Zoumana répond qu’il envisage de devenir footballeur professionnel. « Pour eux, ce n’était pas un vrai métier. Ils voyaient le foot comme un loisir. »

L’élève Camara ne pose pas de problèmes particuliers à ses enseignants. Ni à ses parents. À la maison, l’éducation est plutôt stricte, mais ses géniteurs ont compris que le football, qu’il pratique au Racing Club de France, le passionne davantage que les études.

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À 19 ans, l’exil

À 16 ans, le jeune défenseur quitte sa famille et le 92 pour entrer au prestigieux centre de formation de Saint-Étienne, l’un des plus réputés de France.

Un an plus tard, alors que les Verts évoluent en Ligue 2, Camara effectue ses débuts chez les professionnels et participe à six matchs lors de la saison 1996-1997, puis à vingt-six l’année suivante. En 1998, l’Inter Milan débourse près de 7 millions de francs de l’époque (1,05 million d’euros) pour l’attirer en Lombardie. Une nouvelle fois déraciné – « l’exil à 19 ans, c’est difficile mais formateur » –, il est ensuite prêté à Empoli (Italie), puis à Bastia (1999-2000), avant d’être transféré à Marseille.

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« C’est là-bas que ma carrière a vraiment pris une tournure différente. » Au moins au début : vite titulaire à l’OM, puis appelé en équipe de France pour la Coupe des confédérations 2001, Camara met plusieurs mois à se remettre d’une grave blessure aux adducteurs. À Lens, puis dans les brumes de Leeds, en Angleterre, il joue peu.

« Cette blessure m’a éloigné des terrains pendant plusieurs mois. J’ai vécu des moments compliqués, mais je me suis accroché », raconte-t-il d’une voix douce et posée, installé dans un salon du camp des Loges, le centre d’entraînement du PSG.

Quelques escapades à Bamako

Son retour à Saint-Étienne annonce le meilleur, mais se termine par un divorce douloureux : titulaire pendant trois ans (2004 à 2007), Camara quitte les Verts au terme d’un bras de fer avec ses dirigeants pour rejoindre le PSG, conformément à sa volonté.

Je voulais jouer pour la France et j’y suis parvenu

Il aurait aussi pu porter le maillot des Aigles du Mali, comme cela lui fut proposé avant son unique sélection avec les Bleus. « Je n’ai pas de regrets. Je voulais jouer pour la France et j’y suis parvenu », dit-il.

Son emploi du temps, chargé, lui permet néanmoins de s’offrir quelques rares escapades à Bamako, où vivent encore certains membres de sa famille. Sa voix devient plus grave quand il évoque la situation politique d’un pays qu’il a appris à découvrir au gré de ses voyages.

« Il s’est passé des choses terribles. Des choses qui ne devaient pas arriver. Oui, le Mali est pauvre, mais il était relativement stable, presque un modèle de paix. Les gens arrivaient à vivre ensemble. J’espère que cela redeviendra le cas un jour. » Mais, sur cet avenir, sa volonté de fer a malheureusement peu d’impact.

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