Moulay Hafid Elalamy : « Nous voulons mettre les citoyens marocains au cœur du processus de développement »

Moulay Hafid Elalamy, le ministre marocain de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique, s’est entretenu avec Jeune Afrique au sujet du plan d’accélération industrielle (PAI), lancé en 2014.

Moulay Hafid Elalamy, président du comité de candidature du Maroc pour l’organisation du Mondial 2026. © Hassan OUAZZANI pour JA

Moulay Hafid Elalamy, président du comité de candidature du Maroc pour l’organisation du Mondial 2026. © Hassan OUAZZANI pour JA

fahhd iraqi

Publié le 2 août 2017 Lecture : 3 minutes.

Le drapeau marocain. © Cuivie/CC/Pixabay
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Maroc : double vitesse

Le royaume a reformé ses institutions, son économie et est en passe de réussir son pari industriel. Mais la classe politique, elle, peine à suivre le mouvement…

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Jeune Afrique : Outre son bilan chiffré, en quoi le Plan d’accélération industrielle (PAI) a-t-il transformé le secteur secondaire au Maroc ? 

Moulay Hafid Elalamy: L’adhésion des industriels à notre démarche a été totale. Ils se sont fermement engagés à investir, à créer des emplois et ont saisi tout l’intérêt de participer à la dynamique produite par ce plan. En matière d’investissement, l’accélération industrielle a permis de réussir le pari d’attirer des majors mondiales. Le PAI a aussi fortement encouragé l’arrivée du capital privé national, y compris dans les secteurs de pointe tels que l’aéronautique et l’automobile.

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Comment comptez-vous entretenir cette dynamique ?

Pour l’appuyer davantage, nous avons repensé en profondeur la charte d’investissement au regard des pratiques internationales. Le nouveau texte regroupera tous les dispositifs mis en place et donnera un cadre incitatif clair et dynamique, appelé à évoluer au rythme des réformes et des mesures qui pourront être adoptées ultérieurement.

L’unique porteur qui pilotera ce cadre et rendra cette charte d’investissement opérationnelle sera l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations [Amdie, dont la création a été adoptée le 4 juillet par la Chambre des représentants, est une fusion entre l’Agence marocaine de développement des investissements (Amdi), le Centre marocain de la promotion des exportations (CMPE) et l’Office des foires et expositions de Casablanca (Ofec)].

Selon vous, qu’est-ce qui fonctionne le moins dans le PAI ?

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La majorité des chantiers avance à une cadence soutenue et conformément aux engagements pris. Sur plusieurs objectifs, nous sommes même en avance. Néanmoins, la régionalisation du PAI, au service de l’équité territoriale, mérite une plus grande attention, et nous nous y consacrons actuellement, l’objectif étant de mettre le citoyen au cœur du processus de développement et de permettre au royaume de capitaliser sur le potentiel de toutes ses régions.

Pour certains, le PAI profiterait davantage aux grands projets et aux investissements directs étrangers (IDE) plutôt qu’aux PME marocaines. Est-ce le cas ?

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Absolument pas. Notre démarche est totalement inclusive, et l’accompagnement offert aux entreprises des « écosystèmes » s’adresse aussi bien aux PME qu’aux grands groupes, autant aux investissements locaux qu’aux IDE. Nous n’excluons aucune catégorie et nous ne privilégions aucun type d’investissement.

Le fondement même de l’approche des « écosystèmes » est de construire un paysage industriel cohérent, où interagissent petites et grandes entreprises, chacune tirant profit et avantage de la présence de l’autre.

L’un des objectifs du PAI est de faire évoluer le secteur informel vers un système organisé : où en êtes-vous de ce chantier ?

L’informel est une menace pour l’équilibre économique et social. Il ouvre le champ à la concurrence déloyale et entrave la compétitivité. Nous nous sommes engagés à l’intégrer dans le circuit formel et nous nous y employons avec force. Les « écosystèmes » se présentent comme des outils puissants, qui, par l’accompagnement qu’ils procurent, incitent les acteurs de l’informel à faire partie d’un environnement où ils trouveront avantage à produire de la valeur.

Le statut de l’autoentrepreneur est aussi un levier essentiel d’intégration. Par sa souplesse et la simplicité administrative qu’il offre, ce régime a visiblement séduit, et nous comptons actuellement 47 697 inscrits.

Comment le PAI peut-il accompagner des projets industriels marocains en Afrique ?

Nous entrons de plain-pied dans l’agenda de transformation du continent, dans le cadre d’une logique de coémergence et de codéveloppement. Les conventions scellées avec nos partenaires africains à l’occasion des tournées royales à travers le continent convergent toutes vers la promotion du partenariat économique et de la mise en relation entre communautés d’affaires marocaines et africaines. Avec la création de l’Amdie, notre démarche gagnera en efficacité, via notamment des actions d’accompagnement ciblées de nos opérateurs dans les différents pays.

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