Sénégal : le laborieux passage d’Excaf à la TNT

Il y a deux ans, le groupe lançait le processus de transition vers le numérique. Mais c’était compter sans un revirement des autorités, suivi de problèmes financiers…

Salle de contrôle d’une télévision au Sénégal. (illustration) © Sylvain Cherkaoui pour J.A.

Salle de contrôle d’une télévision au Sénégal. (illustration) © Sylvain Cherkaoui pour J.A.

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Publié le 8 août 2017 Lecture : 2 minutes.

Le 17 juin 2015, le Sénégal amorçait le déploiement de la télévision numérique terrestre (TNT), conformément à l’engagement contracté neuf ans plus tôt par les États africains auprès de l’Union internationale des télécommunications. Deux ans plus tard, le signal télévisuel numérique couvre douze des quatorze régions du pays et atteint 92 % de la population.

Seul hic, tous les postes ne sont pas encore munis des décodeurs permettant un accès libre à une quinzaine de chaînes nationales en haute définition et un accès payant à un bouquet d’une soixantaine de chaînes internationales. Sur le million de décodeurs requis, seuls 423 350 ont été mis à disposition, selon le Comité de pilotage de la transition de l’analogique vers le numérique (Contan).

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Un retard lié notamment aux difficultés d’Excaf(Expo Carrefour Afrique), qui a décroché l’appel d’offres pour la mise en place de la TNT face à Portugal Telecom, aux français TDF, Alcatel et Thomson, et aux chinois Huawei et ZTE.

Ce groupe local, fondé en 1972 par Ibrahima Diagne, dit Ben Bass, propriétaire de deux chaînes privées de télévision (RDV et RDV Music et Sport), de stations de radio et actif dans l’événementiel, avait proposé un modèle de financement inédit, s’engageant à financer toute la mise en œuvre du processus en échange d’une clause d’exclusivité lui permettant de devenir l’unique fournisseur payant de contenus via la TNT. Une position monopolistique dénoncée notamment par son concurrent Canal+, qui propose ses propres décodeurs (lire ci-dessous) et bouquets.

Des difficultés financières

Initialement, Excaf, aujourd’hui dirigé par Sidy Diagne, le fils d’Ibrahima, devait distribuer gratuitement les décodeurs. Mais le gouvernement, craignant des effets pervers – manque d’implication, revente et casse –, s’y est finalement opposé, imposant le prix de 10 000 F CFA (15 euros) par unité. à la suite de ce revirement, la Société générale de banques au Sénégal (SGBS) lui a retiré son soutien financier, selon une source proche du dossier.

Craignait-elle une diffusion trop restreinte de la TNT, néfaste au modèle économique d’Excaf ? En difficulté pour trouver les moyens de tenir ses engagements contractuels, et donc en retard sur le planning, Excaf a cependant obtenu l’aide de l’État à travers le Fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip) afin de couvrir ses prochaines importations de décodeurs. Pour Mamadou Baal, un des responsables du Contan, n’eût été ces difficultés financières, le Sénégal serait passé à la TNT sans encombres.

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Un passage bientôt achevé

« Dans quelques jours, des milliers de décodeurs seront arrivés, nous finaliserons la distribution d’ici à la fin de l’année 2017 », affirme Sidy Diagne. Et le déploiement de l’infrastructure technique, pour un coût d’une vingtaine de milliards de FCFA, est quasi finalisé.

Sur la vingtaine de sites émetteurs disponibles, quatorze sont fonctionnels, selon deux sources techniques d’Excaf. Pour le moment, la diffusion de la quinzaine de chaînes nationales se fait en simulcast (analogique et numérique). Une fois le déploiement achevé, le basculement se fera région par région. « Certains pays de la sous-région viennent à peine de démarrer le processus, relativise Mamadou Baal. Le Sénégal et le Maroc sont les seuls à avoir atteint un tel stade en Afrique francophone. »

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