Tunisie : douanes, un cas à part

En Tunisie, sous le régime de Ben Ali et après la révolution, les douanes restent la plaque tournante de la corruption.

Malgré les scanners, des tonnes de marchandises passent en fraude par Radès. © N. Fauqué/imagesdetunisie.com

Malgré les scanners, des tonnes de marchandises passent en fraude par Radès. © N. Fauqué/imagesdetunisie.com

Publié le 15 août 2017 Lecture : 1 minute.

«Certains douaniers favorisaient nos cargaisons au détriment de celles de nos concurrents contre des pots-de-vin allant jusqu’à 30 000 dinars [10 500 euros] », témoignait en mai Imed Trabelsi, neveu de Leïla Ben Ali, lors d’une audition publique de l’Instance Vérité et Dignité (IVD). Le régime a changé, mais les mauvaises pratiques perdurent.

Les ports et, dans une moindre mesure, les aéroports sont le point de passage de 80 % des marchandises de contrebande. Certains agents de la douane tunisienne sont passés maîtres dans l’art d’orchestrer ce système parallèle : fausses déclarations sur la nature et la valeur des produits, conteneurs non enregistrés, escamotage de la visite de contrôle, revente au poids des conteneurs déclarés comme étant « non réclamés »…

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Une corruption à tous les niveaux

Les complicités, toutes moyennant finances, sont effectives à chaque niveau : depuis le simple agent, qui met un dossier sur le haut de la pile contre 20 dinars, jusqu’au gradé, qui fermera les yeux sur un trafic contre une grosse enveloppe.

L’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc, créée en novembre 2011) a identifié 30 cadres dirigeants des douanes impliqués dans des affaires de corruption et d’abus de pouvoir et le ministère des Finances a écarté 55 agents pour présomption de corruption.

Il en faudra pourtant bien plus pour réformer un corps gangrené, censé protéger l’économie nationale… Signe d’une amélioration toutefois : dans une enquête réalisée auprès de 1 200 entreprises privées et publiée en février, l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (Itceq) souligne que 24 % des entreprises traitant avec la douane ont déclaré avoir été contraintes de payer des « versements informels » en 2016, contre 32 % en 2014.

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