Ahmad Ahmad : « On ne peut plus organiser de CAN là où les infrastructures sont insuffisantes »

Ses propos au vitriol sur les capacités du Cameroun à organiser le prochain tournoi ont déclenché une vive polémique. Le président de la CAF s’en explique, et évoque la réforme de ce rendez-vous emblématique.

Ahmad Ahmad à Antananarivo le 13 février 2017. © RIJASOLO/AFP

Ahmad Ahmad à Antananarivo le 13 février 2017. © RIJASOLO/AFP

Alexis Billebault

Publié le 17 août 2017 Lecture : 3 minutes.

Entre une réunion au Caire, un déplacement au Burkina Faso – « un pays qui n’a pas beaucoup de moyens mais qui a fait beaucoup de choses pour le football » – et un autre en Éthiopie, le nouveau patron du football africain, Ahmad Ahmad, 57 ans, a trouvé le temps de recevoir Jeune Afrique. Ce natif de Mahajanga, président depuis 2003 de la Fédération malgache de football, a succédé en mars au Camerounais Issa Hayatou.

Jeune Afrique : Quatre mois après votre élection, en mars, le comité exécutif de la CAF a validé l’élargissement de la CAN à 24 équipes, ainsi que sa ­programmation en juin-juillet dès ­l’édition 2019 (voir aussi JA no 2951). Que répondez-vous à ceux qui estiment que ce délai est trop court, notamment pour le Cameroun, prochain pays ­organisateur ?

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Ahmad Ahmad : Je voudrais d’abord rappeler que j’ai été élu sur la base d’un programme où figurait cette réforme. J’ai pour mission de l’appliquer, et rapidement. C’est une question de cohérence. Puisque la volonté était là, pourquoi attendre ?

Le Cameroun, qui avait signé pour une CAN à 16 équipes, doit s’adapter à un nouveau cahier des charges, et le moins que l’on puisse dire c’est que vous faites preuve d’intransigeance…

Je serai intransigeant avec le Cameroun comme je le serai avec la Côte d’Ivoire et la Guinée pour les CAN de 2021 et de 2023. On ne peut plus se permettre d’organiser des Coupes d’Afrique là où les terrains sont en mauvais état, où les services médicaux sont insuffisants, où les hôtels ne correspondent pas au standing des joueurs… Si tel ou tel État n’est pas à même d’accueillir une phase finale, on procédera à un nouvel appel d’offres. Des missions seront menées par un cabinet d’audit dans les pays organisateurs, avec des spécialistes assistés de techniciens de la CAF. Cela évitera les influences politiques extérieures.

Lors de votre déplacement récent à Ouaga, vous n’avez pas été tendre avec les Camerounais, mettant explicitement en doute leur capacité à organiser la compétition…

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À plusieurs reprises, un journaliste m’a interrogé à ce sujet. J’ai simplement répondu qu’à ce jour aucun des sites camerounais n’était prêt. Mais ma réponse était valable au moment où il m’a posé la question. Une mission d’inspection se rendra au Cameroun du 20 au 28 août. Je remercie ce journaliste d’avoir posé cette question, car si ma réponse a causé un certain tapage médiatique elle a aussi boosté le gouvernement, fierté nationale oblige. Permettez-moi de rappeler que la CAF a déjà souhaité organiser des missions d’inspection au cours des derniers mois, mais à chaque fois le Cameroun a sollicité un report. C’est en fonction du cahier des charges, revu après la réforme de la compétition, que notre comité exécutif prendra sa décision. Même dans l’hypothèse où je ne voudrais pas que la CAN soit disputée au Cameroun, je ne pourrais m’y opposer dès lors qu’il respecte le nouveau cahier des charges.

Le Maroc est présenté comme un recours, dans le cas où le Cameroun serait défaillant…

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Ce pays dispose en effet de toutes les infrastructures nécessaires pour organiser une CAN. Mais, aujourd’hui, c’est le Cameroun qui a été retenu.

Votre prédécesseur, Issa Hayatou, a déclaré qu’il se tiendrait à votre disposition pour vous épauler. Êtes-vous en contact avec lui ?

Il a fait cette déclaration à des journalistes, pas à moi. À ce jour, je n’ai eu aucune nouvelle de lui. S’il me la propose, je ne refuserai pas son aide, car il dispose d’une expertise solide. Après mon élection, j’ai dit que j’étais disposé à travailler avec ses proches. Certains en ont accepté le principe, d’autres pas. Parmi ces derniers, il y en a qui ont prétendu, en petit comité, que je pleurais pour obtenir leur aide. Par médias interposés, j’ai également eu droit à des critiques plutôt acerbes émanant de membres de l’ancienne équipe. J’ai même entendu qu’un Malgache ne devrait pas diriger la CAF !

Votre organisation a la réputation de bien se porter, financièrement parlant…

C’est le cas. Mais je pense que l’argent récolté n’a pas été suffisamment réinvesti au bénéfice du football africain. Combien de fédérations sont-elles réellement bien organisées ? Selon moi, seulement une dizaine.

La gouvernance précédente péchait-elle par manque d’audace ? 

Elle a mené des réformes importantes, mais je reste persuadé qu’il en fallait davantage. Clairement, une question générationnelle se posait. Je pense qu’on ne saurait demeurer durant vingt ou trente ans à la tête d’une institution, c’est pourquoi j’ai défendu le principe d’une limitation à trois mandats successifs.

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