Ces dirigeants africains exilés pour l’éternité

Comme s’ils redoutaient encore l’esprit des morts, certains chefs d’État de l’Afrique centrale montrent peu d’empressement à rapatrier les corps de leurs prédécesseurs morts loin de leur pays.

Cameroun, Président Ahmadou Ahidjo. premier président de la République du Cameroun. Archives JA. © Archives JA

Cameroun, Président Ahmadou Ahidjo. premier président de la République du Cameroun. Archives JA. © Archives JA

OLIVIER-CASLIN_2024

Publié le 7 septembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Comme hantée par les fantômes de son passé, la RD Congo s’est fait une spécialité de ne pas honorer la mémoire de ses hommes politiques disparus. Sans même parler de Patrice Lumumba, dissous dans l’acide après avoir été assassiné, en janvier 1961, le cas d’Étienne Tshisekedi a rouvert le débat concernant le rapatriement des dépouilles de l’ancien président Mobutu Sese Seko et de l’ex-Premier ministre Moïse Tshombé. Les restes du maréchal sont toujours enterrés au cimetière européen de Rabat, ville où il est décédé d’un cancer de la prostate le 7 septembre 1997, peu après avoir été chassé du pouvoir.

Ceux de l’ancien président de l’éphémère Katanga indépendant ont été transférés à Bruxelles un mois seulement après sa mort – officiellement d’une crise cardiaque –, en juin 1969, à Alger, où il était maintenu en résidence surveillée. Avancée dès 2007, l’idée d’un rapatriement des deux corps – le premier à Gbadolite, le second au Katanga – a été relancée lors des Concertations nationales, en 2013. Devant le Parlement, quelques semaines plus tard, le président Kabila avait même annoncé que « des dispositions seraient prises ». Sans suite jusqu’à présent, les autorités du pays se retranchant derrière « des dissensions familiales ».

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Au Cameroun, même chanson

La même raison est avancée par Paul Biya concernant le retour au Cameroun du corps d’Ahmadou Ahidjo, son prédécesseur. Accusé d’être l’instigateur du putsch avorté de 1984, le premier président du pays, condamné à mort par contumace, s’était réfugié au Sénégal. Décédé en 1989, il est inhumé dans un carré du cimetière musulman de Yoff, à Dakar.

Si un retour sur ses terres de Garoua avait été évoqué en 2010, une telle éventualité ne semble plus d’actualité. En cause, la demande de sa veuve, Germaine : souhaitant des funérailles officielles, elle s’est heurtée à une fin de non-recevoir de la part de l’actuel président camerounais.

Idi Amin Dada est toujours en Arabie Saoudite

C’est à la suite d’un même refus que le corps d’Idi Amin Dada n’a toujours pas rejoint l’Ouganda. Mort en Arabie saoudite en 2003 de problèmes de diabète, l’ancien dictateur est toujours enterré à Djeddah. « La famille peut prendre ses dispositions, mais le pays n’est pas disposé à assumer les frais des obsèques », a plusieurs fois déclaré Yoweri Museveni.

Inhumé de nouveau le 30 juin, Mwambutsa IV repose enfin en paix sur les rives du lac Léman

L’actuel président ougandais a par contre accordé cette faveur à Milton Obote, mort en Afrique du Sud en octobre 2005 après de longues années d’exil en Zambie, et inhumé avec les honneurs à Kampala quelques semaines plus tard.

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Kigeli V de retour au Rwanda récemment

Le retour sur sa terre natale a été plus discret pour le roi Kigeli V. Décédé à l’âge de 80 ans dans la banlieue de Washington à la fin de 2016, après plus de quarante-cinq années d’exil, le dernier souverain rwandais a pu être enterré aux côtés de ses ancêtres, à Nyanza, en janvier.

Kigeli V avait bien tenté de reprendre sa couronne, dès 1994, mais il avait dû reculer devant l’opposition des nouvelles autorités du pays, peu désireuses de s’embarrasser d’un monarque susceptible de raviver les divisions entre pro- et antimonarchistes.

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Mwambutsa IV rapatrié pour favoriser la réconciliation des burundais

Son homologue burundais, le mwami Mwambutsa IV, a, lui, préféré reposer en Suisse, le pays qui lui a donné l’asile en 1966 et où il s’est éteint en 1977. Conformément à son testament, le souverain est enterré près de Genève.

Mais, en 2012, le président Pierre Nkurunziza décide de faire rapatrier le corps pour favoriser la réconciliation des Burundais. La dépouille royale est alors exhumée et le reste pendant toute la durée de la procédure judiciaire, qui déchirera la famille cinq années durant avant que le tribunal fédéral impose le respect des dernières volontés du défunt. Inhumé de nouveau le 30 juin, Mwambutsa IV repose enfin en paix sur les rives du lac Léman.

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