Cellule africaine de l’Élysée : des bidasses, des putschistes et… des mariés

Depuis sa création au début de la Ve République, la cellule Afrique de l’Élysée n’a pas toujours su sauver la mise aux présidents africains se trouvant dans une posture difficile, comme Juvénal Habyarimana ou Henri Konan Bédié dans les années 1990. En revanche, elle a parfois mené des missions inattendues.

Le président français Nicolas Sarkozy avec le président gabonais Omar Bongo Ondimaba à Libreville le 27 juillet 2007. © MICHEL EULER/AP/SIPA

Le président français Nicolas Sarkozy avec le président gabonais Omar Bongo Ondimaba à Libreville le 27 juillet 2007. © MICHEL EULER/AP/SIPA

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 15 septembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Albert-Bernard Bongo, président de la République du Gabon s’entretient avec Jacques Foccart, secrétaire général de l’Elysée aux Affaires africaines. Les autres personnages autour de la table non identifiés – France,8 juillet 1970. © Présidence /Gabon
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La cellule africaine de l’Élysée, entre fantasmes et réalité

La « cellule Afrique de l’Élysée » est une sorte d’objet non identifié au sein de l’administration française, dont aucun document officiel n’atteste l’existence. Pourtant, il s’agit d’un véritable lieu de pouvoir. Et si de Jacques Foccart à Franck Paris le bureau est resté le même, beaucoup de choses ont changé entre-temps.

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En cette année 1990, Jean-Christophe Mitterrand trône au 2, rue de l’Élysée. Dans son bureau en rez-de-jardin, dirigeants ou intermédiaires africains se pressent autour de lui pour recueillir la parole de son président de père, dont il se fait l’écho. Mais parfois « Papa m’a dit » consulte et, ce 2 octobre, c’est Gérard Prunier, spécialiste des Grands Lacs et expert du Parti socialiste pour les questions internationales, qui expose son point de vue.

Il est interrompu par la sonnerie du téléphone. « Monsieur Afrique » décroche. À l’autre bout du fil, Juvénal Habyarimana, le chef de l’État rwandais, qui doit rencontrer François Mitterrand à Paris le 18 octobre.

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Depuis les États-Unis, il appelle la France à la rescousse : la rébellion du Front patriotique rwandais n’est plus qu’à une soixantaine de kilomètres de Kigali. « Nous allons lui envoyer quelques bidasses, au petit père Habyarimana. Nous allons le tirer d’affaire. Cette histoire sera terminée en deux ou trois mois », glisse, après avoir raccroché, Jean-Christophe Mitterrand à Prunier, qui raconte la scène. On connaît la suite…

Neuf ans plus tard, « Papa m’a dit » a disparu des écrans radars. Michel Dupuch, ancien ambassadeur à Abidjan et proche d’Henri Konan Bédié, est à la tête de la cellule africaine de l’Élysée. Justement, tous les regards se tournent vers la Côte d’Ivoire, où Bédié est en mauvaise posture. Dupuch tente de convaincre le président Chirac de lui sauver la mise. En vain. Signe du déclin de l’influence française, c’est à Biarritz, où il passe les fêtes de Noël, que le diplomate, bloqué par la « tempête du siècle », apprend que le général Robert Gueï a réussi son coup d’État.

La « cellule » est-elle condamnée à disparaître ?

La « cellule » change en tout cas de forme quand Nicolas Sarkozy s’installe au Château. Pressé d’en finir avec les chiraquiens, il en limite les prérogatives en la plaçant sous la tutelle de Jean-David Levitte, son conseiller diplomatique. Bruno Joubert, le nouveau « Monsieur Afrique », ne relira par exemple pas une ligne du tristement célèbre discours de Dakar que rédige Henri Guaino, conseiller spécial du président.

Un affront pour celui qui est régulièrement court-circuité par des intermédiaires officieux. Ainsi, en février 2008, Robert Bourgi intervient auprès d’Omar Bongo Ondimba pour que le couple présidentiel soit photographié avec Nelson Mandela en Afrique du Sud. Le même mois, la cellule Afrique, qui gère de son côté les affaires « courantes », organise le voyage de noces secret de Nicolas Sarkozy et Carla Bruni à l’hôtel Royal Malewane, dans le parc Kruger. Un usage de la diplomatie… particulier.

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