Djibouti : quarante ans, l’âge de tous les possibles
Il y a quarante ans, le petit territoire de la Corne de l’Afrique déclarait son indépendance. Depuis, il a traversé bien des épreuves, mais qui ont renforcé son unité et lui ont permis d’avancer.
Djibouti a 40 ans, et c’est presque un tour de force. « Des lendemains incertains », titrait notre confrère Marc Yared, en mai 1977, dans les colonnes de Jeune Afrique. Difficile en effet, un mois avant l’indépendance officielle de la République de Djibouti, proclamée le 27 juin, d’anticiper le devenir de ce territoire aux contours mal définis, dépourvu de toutes ressources naturelles autres que sa position stratégique le long de l’une des principales routes maritimes de la planète, tiraillé de l’intérieur par des antagonismes ethniques attisés par l’ancienne puissance coloniale française, et convoité de l’extérieur par ses puissants voisins somalien et éthiopien. À l’heure de souffler sa quarantième bougie, l’ex-Territoire des Afars et des Issas donne pourtant l’image d’une nation unie, réconciliée avec elle-même et confirmée dans ses frontières, capable de se forger un destin en même temps qu’une place à part sur la scène internationale.
Dès les premiers mois de son existence, la jeune république aurait pu disparaître, victime des rivalités entre les deux hommes forts du pays : l’Issa Hassan Gouled Aptidon, président de 1977 à 1999, et son éphémère Premier ministre (1977-1978), l’Afar Ahmed Dini Ahmed. Elle aurait pu aussi être engloutie par la guerre de l’Ogaden, déclarée entre l’Éthiopie et la Somalie moins d’un mois après son accession à l’indépendance. Le pays aurait encore pu pâtir de l’infertilité de ses terres et d’un sous-sol indigent, et plonger dans un marasme économique qui lujiboutii aurait été fatal. Ou même voir son identité bafouée, voire noyée, par l’afflux de contingents militaires étrangers, les vagues successives d’investisseurs du monde entier ou les flots de réfugiés venus des autres pays en crise de la Corne de l’Afrique.
Depuis son indépendance, les épreuves n’ont pas manqué : une guerre civile (1991-1994), des agressions à répétition par son voisin érythréen, en 1996, 1999 et 2008 – qui se soldent, aujourd’hui encore, par l’occupation de la partie septentrionale du territoire djiboutien –, des attaques terroristes et divers regains de tension avec ses pays frontaliers.
Oeuvre pour la stabilité et le renforcement des relations interétatiques
Chaque fois, Djibouti a su prouver sa résilience. Il a aussi démontré, via son implication dans le règlement de certains conflits régionaux, qu’il était devenu l’un des piliers de la stabilité politique dans la sous-région. Sous la présidence d’Ismaïl Omar Guelleh, chef de l’État depuis 1999, la petite république a également réussi à tisser des liens privilégiés avec des partenaires aussi incontournables que l’Éthiopie et la Chine, à même de lui apporter les outils nécessaires à son développement économique.
C’est pour toutes ces bonnes raisons que Djibouti fête cette année en grande pompe son quarantième anniversaire. Avec l’objectif, selon Mohamed Abdillahi Wais, secrétaire général de la présidence et grand organisateur de ce « jubilé d’émeraude », « de montrer le vrai visage de Djibouti, à la population comme à l’étranger ». Le stade Hassan-Gouled était donc pavoisé comme jamais, au soir du 27 juin, et les 10 000 spectateurs assis dans les travées comme les milliers d’autres entassés devant les écrans géants installés dans la capitale ont pu assister au défilé des forces vives de la nation : sa jeunesse, ses administrations, ses communautés éthiopienne, malgache, indienne… dont certaines sont présentes depuis des siècles sur ce bout de territoire.
Puis un formidable feu d’artifice, tiré par des maîtres chinois en provenance directe de Shanghai, est venu clore la soirée. Le lendemain matin, pour la traditionnelle parade militaire, les contingents américain, italien, japonais et chinois se sont joints aux Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDj), qui n’avaient plus participé à un tel événement depuis 2007. Les troupes djiboutiennes, dans leur diversité, ont fermé la marche autour de leur drapeau, symbole de l’unité du pays et des peuples qui le composent.
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