Raila Odinga : « La communauté internationale doit s’impliquer, sinon le Kenya va glisser vers une grave crise »

Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, Raila Odinga, candidat de l’opposition à la présidentielle, réagit à la décision la Cour suprême kényane d’invalider l’élection d’Uhuru Kenyatta et émet des craintes sur l’avenir immédiat de son pays.

Raila Odinga, leader de l’opposition kényane. © Sven Torfinn/PANOS-REA

Raila Odinga, leader de l’opposition kényane. © Sven Torfinn/PANOS-REA

Publié le 12 septembre 2017 Lecture : 1 minute.

Jeune Afrique : Que représente pour vous la décision de la Cour suprême ?

Raila Odinga : Pour la première fois au Kenya, mais aussi en Afrique, une Cour suprême a jugé que les élections n’avaient pas été conduites conformément à la Constitution. Beaucoup de gens avec qui je me suis entretenu en Afrique du Sud, au Nigeria, au Ghana ou en Côte d’Ivoire disent qu’il y aura un avant et un après la décision de la Cour suprême kényane. Une nouvelle ère s’ouvre.

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La réforme de la commission électorale (IEBC) apparaît désormais comme un enjeu majeur. Pensez-vous qu’elle peut avoir lieu avant le 17 octobre, la date fixée pour le nouveau scrutin ?

L’IEBC est très divisée. Son président a admis que des erreurs avaient été commises et il a promis qu’elles seraient corrigées avant le nouveau scrutin. Mais certains commissaires refusent de reconnaître leurs fautes. Résultat : les gens ne leur font plus confiance. Nous pensons que la communauté internationale doit s’impliquer, sinon le pays va glisser vers une grave crise. Le calendrier n’est pas le problème, nous nous devons de résoudre cette question.

La coalition de l’opposition, la Nasa, qui soutient votre candidature, appelle à une enquête sur le rôle de l’entreprise française OT-Morpho (ex-Safran) dans l’élection du 8 août. Que lui reprochez-vous ?

Nous avons écrit une lettre aux ministres français des Affaires étrangères et de l’Intérieur car nous désapprouvons l’attitude de OT-Morpho au cours du processus électoral. Selon nos informations, il y a eu des collusions entre cette entreprise et le gouvernement kényan pour faciliter la fraude. Un exemple : ils devaient installer tout leur système informatique, serveurs compris, au Kenya. Ça n’a pas été le cas. Leurs serveurs sont quelque part en Europe. Nous n’imaginions pas qu’une entreprise européenne puisse se comporter ainsi. Et qu’une société française fasse cela en Afrique, c’est vraiment regrettable.

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