Investissement : Elsan entre dans la course au Maroc
Le groupe français d’hospitalisation privée est sur le point d’ouvrir sa première clinique en Afrique, en partenariat avec deux médecins du royaume. Une opération inédite dans le pays.
Les laboratoires face aux trafics de faux médicaments
Alors que la législation fait souvent défaut, les faux produits pharmaceutiques prolifèrent sur les marchés du continent, au grand dam des fabricants, souvent démunis devant l’ampleur du phénomène.
Bouskoura, ville verte. Dans cette banlieue chic de Casablanca, des projets immobiliers s’étendent à perte de vue, portés par les plus importants promoteurs marocains et censés accueillir, à terme, quelque 40 000 habitants. Au milieu de ce chantier de plus de 720 ha, un projet hospitalier d’envergure est déjà sorti de terre : la clinique Ville verte, d’une capacité de 136 lits et places, répartis entre un service d’urgence, une maternité, une unité de néonatalogie, une réanimation polyvalente, un plateau complet d’imagerie, une unité de soins intensifs et continus, un centre d’hémodialyse, un laboratoire de biologie et un hôpital de jour. Mais cette clinique se distingue surtout pour être, dans le royaume, le premier projet de co-investissement entre deux médecins marocains et un opérateur international. Et pas des moindres : le groupe Elsan, numéro deux de l’hospitalisation privée en France avec ses 123 établissements qui accueillent chaque année plus de 2 millions de patients, suivis par quelque 6 500 praticiens et 23 000 collaborateurs.
Ce matin-là, le docteur Aziz Chraibi, l’un des deux associés marocains avec le professeur Mustapha El Fatihi, est sur le chantier de la clinique où des dizaines d’ouvriers s’affairent encore sur les ultimes finitions, avant l’ouverture prévue courant septembre. Ils reçoivent une commission hygiénique qui doit certifier que les blocs opératoires sont aux normes. « Pour les équipements, nous avons acquis le nec plus ultra de chez General Electric. Nos partenaires français nous ont appuyés pour négocier les prix », dit-il en manipulant un bras suspendu, d’un montant de plus de 10 000 euros, qui permettra une plus grande mobilité dans une des salles de réanimation.
Mais pour ce praticien quinquagénaire, déjà à l’origine de la création d’un des plus grands centres d’hémodialyse de Casablanca, l’apport du groupe Elsan, c’est surtout cette expertise dans la conception des unités hospitalières. « Elsan est très attentif aux détails : tout a été conçu pour assurer la meilleure organisation au niveau des patients, des équipements, des médicaments… », affirme le docteur Chraibi. « Nous comptons capitaliser sur la compétence médicale marocaine et la compléter avec notre savoir-faire en matière d’organisation et de gestion des unités hospitalières. Le tout pour offrir un service médical et paramédical au meilleur prix », renchérit Émile Dinet, responsable du développement international du groupe Elsan.
Se développer sur le continent africain
Pour le groupe français, qui brasse 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, il s’agit de la première implantation en Afrique. Une opportunité rendue possible au Maroc par l’entrée en vigueur de la loi 131-13 sur l’exercice de la médecine, permettant à des non-praticiens d’investir dans des prestations de santé.
Une refonte réglementaire qui a placé le royaume dans le radar de groupes internationaux comme Emirates Hospitals Group ou encore favorisé l’émergence d’acteurs nationaux comme Saham Santé, propriété du ministre Moulay Hafid Elalamy. Initialement, le groupe Elsan était plutôt intéressé par le grand projet de la clinique de la ville nouvelle de Zenata, souhaité par les pouvoirs publics mais actuellement en stand-by.
Entre les murs et les équipements, les partenaires ont investi quelque 20 millions de dirhams (1,8 million d’euros), mais le foncier reste la propriété des actionnaires marocains. Un partenariat qui semble arranger tout le monde. Elsan envisage d’ailleurs de réitérer rapidement l’expérience. « Nous menons déjà des prospections au Maroc et en Afrique subsaharienne », affirme le responsable du développement d’Elsan, qui compte se positionner en acteur mondial une fois ravi le fauteuil de leader de l’hospitalisation privée en France.
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