Algérie : « Le financement non conventionnel n’est pas forcément un mauvais choix »

L’Algérien, Slim Othmani, président du conseil d’administration de NCA Rouiba analyse la crise économique du pays ainsi que le traitement du nouveau premier ministre Ahmed Ouyahia pour l’enrayer.

Slim Othmani, directeur général de NCA Rouiba (Nouvelle Conserverie algérienne) de 1999 à 2010 puis Président du conseil d’administration ici à Alger en 2012 © AFP

Slim Othmani, directeur général de NCA Rouiba (Nouvelle Conserverie algérienne) de 1999 à 2010 puis Président du conseil d’administration ici à Alger en 2012 © AFP

FARID-ALILAT_2024

Publié le 9 octobre 2017 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Quelle est l’origine de la crise ?

Slim Othmani : Nul n’est parvenu à trouver une explication rationnelle, alors que le pays dispose d’atouts exceptionnels. L’origine est bien plus profonde qu’il n’y paraît. Il y a d’abord des raisons endogènes : mauvaise gouvernance, autisme, paranoïa, clanisme et clientélisme, autoritarisme exacerbé dans la conduite des affaires du pays. Ajoutons à cela une absence de vision patente et une focalisation obsessionnelle sur les questions sociales, jusqu’à en perdre toute forme de bon sens.

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L’insoutenable système des subventions, le train de vie de l’État, le nombre de fonctionnaires, ainsi que le maintien sous perfusion des entreprises publiques en sont la parfaite illustration. Les pressions internationales en faveur d’une ouverture de l’économie, qui s’est refermée sur elle-même depuis la destructrice loi de finances 2009, sont perçues comme des actes d’ingérence.

Parmi les raisons exogènes, il y a, outre la chute des cours du baril, le blocage de l’Union du Maghreb arabe (UMA), qui n’a pas arrangé les choses, retardant l’arrimage économique de l’Algérie sur les plans régional et international. Le manque d’anticipation et les interférences du jeu politique ont largement contribué à rendre la situation ingérable et insupportable, avec les conséquences que nous observons aujourd’hui, au niveau tant politique qu’économique.

Le levier de la peur est à nouveau actionné

Le traitement préconisé par Ouyahia est-il le bon ?

Ce sont de pseudo-experts ou conseillers tapis dans l’ombre qui ont proposé cette formule, présentée comme magique. Il semble bien qu’elle convienne aux tenants du pouvoir, dont les intérêts convergent. En bon politique et brillant communicant, Ouyahia défend bec et ongles un plan qui lui a été dicté. Le levier de la peur est à nouveau actionné.

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Cette fois, l’épouvantail n’est pas le terrorisme, mais la crise économique et ses conséquences. Tous les experts avaient prédit, de façon argumentée, une telle déconfiture. À l’époque, nous avions le temps et les moyens d’éviter le choc avec l’iceberg, pour reprendre l’image employée par le think tank Nabni. Le financement non conventionnel n’est pas forcément un mauvais choix. Le manque de confiance de la société civile s’est immédiatement mué en inquiétude quant à la mise en œuvre du plan. Il est ainsi réclamé un strict encadrement de ce traitement et davantage d’explications sur l’usage qui sera fait de la monnaie mise en circulation.

Que faire pour sortir du tout-pétrole ?

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Face aux déficits budgétaire et commercial alarmants, l’Algérie n’a d’autre choix que d’explorer les pistes longtemps ignorées et rejetées, lesquelles sont connues mais restent inopérantes faute d’un consensus autour des prérequis à leur mise en œuvre. Cela suppose un leadership politique, de la communication, du dialogue et de la concertation, la fin des dogmatismes et, enfin, le renforcement de l’État de droit.

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