La Corée du Nord impliquée dans un vaste trafic d’ivoire en Afrique
Une ONG accuse des diplomates nord-coréens établis en Afrique de braconnage. Une manne qui contribuerait au financement du programme nucléaire de Pyongyang.
Ceux qui se demandent comment la Corée du Nord finance son programme nucléaire vont trouver quelques éléments de réponse dans le dernier rapport de la Global Initiative Against Transnational Organized Crime, publié le 22 septembre.
L’ONG, située à Genève, relate dans son document comment la police mozambicaine a arrêté à Maputo, le 3 mai 2015, un diplomate nord-coréen, rattaché à l’ambassade de Pretoria, avec 100 000 dollars (90 000 euros) scotchés autour de la taille et 4,5 kg de corne de rhinocéros dans sa valise. Kim Jong-su est rapidement relâché et renvoyé en Afrique du Sud, à la suite de l’intervention de l’ambassadeur de Corée du Nord dans ce pays.
Il a même pu rentrer chez lui à la fin de l’année dernière. En 2016, c’est le conseiller économique de l’ambassade nord-coréenne à Harare qui se fait pincer à Addis-Abeba avec des bracelets en ivoire qu’il essaie de passer en Chine. Quand la police éthiopienne se rend compte qu’il est diplomate, il est immédiatement relâché.
Selon les auteurs du rapport, des conseillers nord-coréens ont été impliqués dix-huit fois dans les vingt-neuf cas recensés depuis 1986 de trafic d’ivoire compromettant des diplomates étrangers postés en Afrique.
Reste à savoir si ceux-ci font cela pour leur propre intérêt ou pour répondre à un ordre du régime de Pyongyang, assoiffé de devises étrangères. Les deux très certainement, tant le budget accordé au réseau diplomatique nord-coréen semble ridiculement faible.
Le marché illégal de l’ivoire
Vendue plus cher encore que l’or – plus de 30 000 euros le kilo – sur les marchés chinois et vietnamiens, dont les consommateurs sont friands de ses prétendues vertus aphrodisiaques et anticancéreuses, la poudre de corne de rhinocéros représente une manne non négligeable pour un pays qui s’est mis au ban de la communauté internationale, selon l’idéologie du juche, chère à Kim Il-sung, qui prône l’autonomie totale du pays. Pour trouver le cash nécessaire, son petit-fils, Kim Jong-un, a donc multiplié les sources illicites de financement.
Une organisation baptisée Division 39 serait tout spécialement chargée d’alimenter la caisse noire du régime. Elle serait impliquée dans divers trafics de drogue, de médicaments, d’armes, de contrefaçons de billets de banque. En rajoutant les « contributions volontaires » des expatriés nord-coréens, près de 1 milliard de dollars tomberaient clandestinement chaque année dans l’escarcelle de Pyongyang.
En Afrique, où le pays a onze ambassades, les diplomates nord-coréens travailleraient en direct avec les braconniers pour se fournir en or et en ivoire. Des contacts appelés à se renforcer « à mesure que vont s’alourdir les sanctions économiques internationales », craint déjà l’étude de la Global Initiative.
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