Sénégal : le mix énergétique se met à l’heure solaire
Associant fonds d’investissement et groupes sénégalais ou étrangers spécialisés dans le renouvelable, les parcs photovoltaïques montent en puissance. Et ce n’est pas fini.
Sénégal 2019, c’est déjà demain…
La majorité vient de remporter les trois quarts des sièges à l’Assemblée, le bilan du gouvernement présente d’indéniables résultats en matière de croissance, mais, à seize mois de la présidentielle, beaucoup reste à faire pour améliorer le quotidien.
En moins d’un an, le pays a inauguré trois centrales solaires dont la plus récente, Senergy, a été mise en service en juin à Santhiou-Mékhé, près de Méouane (région de Thiès), à une centaine de kilomètres au nord-est de Dakar. Dotée d’une puissance installée de 30 MW, elle est pour l’heure l’une des plus importantes en activité en Afrique de l’Ouest, après celle de Zagtouli, près de Ouagadougou (33 MW), au Burkina Faso, entrée en production en septembre.
Installé sur une superficie de 64 ha et composé de 92 000 panneaux photovoltaïques, le parc solaire de Santhiou-Mékhé peut alimenter 300 000 foyers, selon la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec), qui a passé un contrat d’achat d’énergie avec Senergy PVSA, la société promotrice du projet.
Cette grande ferme solaire est le fruit d’un partenariat public-privé associant le fonds d’investissement français Meridiam (53 %) et son compatriote Solairedirect (filiale d’Engie) – qui a construit le parc et assure sa maintenance –, ainsi que le Fonds souverain sénégalais (Fonsis, 32 %), Senergy PVSA et Proparco (15 %).
Filiale de l’Agence française de développement pour le secteur privé, Proparco a financé la quasi-totalité du projet à travers un prêt de 22 milliards de F CFA (33,5 millions d’euros), sur un investissement global estimé à 27 milliards de F CFA.
Partenariats entre africains et européens
L’entrée en production de ce parc succède à celle de la centrale Senergy II, en octobre 2016 (20 MW, 77 000 panneaux installés sur 50 ha, 9 000 foyers alimentés). Installée à Bokhol, dans le nord-ouest du pays, elle a été financée par la plateforme française GreenWish Partners et a nécessité un investissement de 17 milliards de F CFA. Sa construction et sa gestion ont été confiées au français Vinci Énergies, avec lequel la Senelec a signé un contrat d’achat d’électricité pour une durée de vingt ans.
Quant au parc de Malicounda, près de Mbour, sa première phase a été inaugurée en novembre 2016 et la seconde en juillet 2017 par la Senelec et un groupe d’investisseurs italiens, avec pour partenaire principal Solaria, qui a financé sa construction pour un montant estimé à 20 milliards de F CFA (100 ha, 86 000 panneaux, pour une puissance de 22 MW et 9 000 foyers approvisionnés).
Ten Marina. Le développement d’autres unités photovoltaïques est prévu dans différentes régions, notamment à Kahône (près de Kaolack, 20 MW) et Sakal (près de Louga, 20 MW), dont les centrales seront opérationnelles avant la fin de l’année. Le projet le plus avancé est celui du parc de Ten Marina (30 MW), implanté à 10 km du site Senergy de Santhiou-Mékhé.
À l’instar de ce dernier, le parc de Ten Marina, qui devrait être opérationnel au 31 octobre, est porté par Meridiam, associé pour la construction et l’exploitation du projet à ses compatriotes Solairedirect et Eiffage. Ils ont obtenu un prêt de 34,5 millions d’euros de Proparco et de la Société belge d’investissement pour les pays en développement (BIO), pour un financement total estimé à 43 millions d’euros.
Produire plus et plus vert pour payer moins cher
Le Plan Sénégal émergent (PSE) a fixé un objectif de 20 % du mix électrique d’origine renouvelable à la fin de 2017. Plus largement, cette mesure vise à assurer la couverture des besoins du pays et l’accessibilité d’un plus grand nombre de foyers à l’électricité (notamment en zone rurale), à faire baisser les coûts de production et d’achat du kilowattheure (kWh) – et donc les subventions allouées à la Senelec –, mais aussi à diminuer la dépendance aux fluctuations des marchés internationaux, en même temps que les émissions de CO2.Pour réduire le lourd déficit en électricité, la politique des gouvernements qui se sont succédé depuis 2012 a été d’accélérer la libéralisation de la production.
Résultats : la capacité électrique installée est passée d’environ 660 MW en 2010 à 1 000 MW à la mi-2017 (avec un objectif de 1 260 MW en 2019). Sévèrement déficitaire jusqu’en 2014, la Senelec exporte désormais son excédent au Mali, et le coût de production est passé de 97 F CFA/kWh (15 centimes d’euro) en 2012 à 44 F CFA/kWh en 2016.
Mieux, l’augmentation de la production d’électricité et en particulier de celle d’origine photovoltaïque (dont le prix d’achat du kWh coûte environ 40 % moins cher à la Senelec que celui des centrales thermiques) a permis au gouvernement d’honorer la promesse faite par Macky Sall dans ses vœux aux Sénégalais pour 2017 : depuis mars, le prix de l’électricité a baissé de 10 % pour les usagers de la Senelec, soit un allégement estimé à 30 milliards de F CFA sur la facture globale annuelle des particuliers et des entreprises… qui ne fait cependant pas oublier que les tarifs de l’électricité au Sénégal restent parmi les plus élevés de la sous-région.
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