Sénégal : une croissance soutenue, mais des investissements à renforcer

Le Sénégal est sur une trajectoire de croissance soutenue. Mais pour tenir le cap, il faut renforcer la compétitivité du privé, en soutenant les PME-PMI et en remobilisant l’investissement direct étranger.

Visite de la raffinerie d’huile d’arachide Oleosen. Zone de raffinage d’huile. A Dakar le 22 juin 2016. © Sylvain Cherkaoui pour JA

Visite de la raffinerie d’huile d’arachide Oleosen. Zone de raffinage d’huile. A Dakar le 22 juin 2016. © Sylvain Cherkaoui pour JA

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Publié le 11 octobre 2017 Lecture : 3 minutes.

Vue de la ville de Dakar au Sénégal © Jacques DU SORDET/JA
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Sénégal 2019, c’est déjà demain…

La majorité vient de remporter les trois quarts des sièges à l’Assemblée, le bilan du gouvernement présente d’indéniables résultats en matière de croissance, mais, à seize mois de la présidentielle, beaucoup reste à faire pour améliorer le quotidien.

Sommaire

Entre la réduction du déficit budgétaire, la maîtrise de l’inflation sous la barre des 2 % ou encore la hausse des investissements, la solidité du cadre macroéconomique sénégalais se confirme. Selon les données publiées par le Fonds monétaire international (FMI) fin juin, à l’issue de la quatrième revue de l’accord au titre de l’instrument de soutien à la politique économique du pays, le taux de croissance, passé de 6,5 % en 2015 à 6,7 % en 2016, devrait s’établir à 6,8 % en 2017 et poursuivre sa progression pour passer le cap des 7 % à partir de 2018.

Principaux facteurs de croissance : la hausse de la production agricole, soutenue par une pluviométrie favorable et des investissements dans les filières clés (arachide, riz, horticulture), ainsi que les bons résultats des industries extractives, notamment avec l’exploitation du site d’ilménite de Diogo (région de Thiès), dont la production a augmenté de 400 % de 2014 à 2016. La hausse de celle du groupe Industries chimiques du Sénégal (ICS), principal pourvoyeur de devises, a également été déterminante, avec 1,6 million de tonnes de phosphates, 431 000 t d’acide phosphorique et 100 000 t d’engrais produites en 2016.

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Par ailleurs, la vitalité des entreprises spécialisées dans le BTP et les matériaux (en particulier les cimenteries) a été dopée par de grands chantiers comme ceux de l’autoroute Thiès-Touba ou du nouvel aéroport international de Diass, mais également par d’importants investissements dans le secteur de l’énergie, avec la construction de nouvelles centrales thermiques et solaires, qui ont par ailleurs contribué à redresser la Société nationale d’électricité et à réduire le déficit énergétique.

Emplois

Cette croissance ne se ressent encore que faiblement dans le quotidien des Sénégalais, notamment en ce qui concerne les emplois décents et l’amélioration des services essentiels (santé, assainissement, électricité, etc.). Cela n’a rien d’anormal quand on sait qu’un pays doit enregistrer une croissance comprise entre 8 % et 10 % pendant une dizaine d’années pour espérer réduire de façon significative la pauvreté, qui touchait encore 6,8 millions de Sénégalais en 2016, selon le Consortium pour la recherche économique et sociale (Cres) de Dakar, soit environ 45 % de la population.

Le programme d’actions prioritaires inscrit dans le Plan Sénégal émergent (PSE) 2014-2018, censé remplir ses objectifs à l’horizon 2035, repose sur une transformation structurelle de l’économie. Son objectif est d’accélérer l’industrialisation de façon que le pays transforme localement les produits de base, crée de la valeur ajoutée et des emplois.

 © Source : FMI, juillet 2017

© Source : FMI, juillet 2017

Cette stratégie suppose que soit mise en œuvre une série de réformes permettant notamment la formation de ressources humaines de qualité et adaptées et le développement d’un environnement des affaires favorable à la naissance d’un tissu de PME solide, à la mobilisation des investissements nationaux et étrangers.

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Pôle industriel

L’une des voies choisies par l’État pour y parvenir a été de relancer la création de zones économiques spéciales intégrées. Ce n’est pas un coup d’essai, puisque Dakar a accueilli sa première zone franche industrielle (ZFI) en 1974, mais sans obtenir les résultats escomptés. Plusieurs sites sont en cours d’aménagement pour former la zone économique spéciale de Dakar.

Si les chantiers ont pris du retard et la « zone économique intégrée de Diass », jouxtant le nouvel aéroport international Blaise-Diagne, est encore à l’état embryonnaire, non loin de là, à une quarantaine de kilomètres de la capitale, le premier pôle de la plateforme industrielle intégrée de Diamniadio (P2ID) est fin prêt, selon Aliou Mara, administrateur délégué des zones économiques spéciales au sein de l’Agence sénégalaise de promotion des investissements et grands travaux (Apix).

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La P2ID est un partenariat entre les gouvernements sénégalais et mauricien, via le Fonds souverain sénégalais (Fonsis) et le Mauritius Africa Fund. La première phase du parc (13 ha sur 53 ha à terme) a nécessité un investissement de 25 milliards de F CFA (plus de 38 millions d’euros). Une trentaine d’entreprises locales et étrangères devraient s’y installer dès l’année prochaine, parmi lesquelles le groupe textile chinois C&H Garment Company, qui a réservé un terrain pour y implanter son usine, dans laquelle il prévoit d’investir 25 millions de dollars (21 millions d’euros) et de créer 2 000 emplois directs.

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