Liberia : le bilan en demi-teinte d’Ellen Johnson Sirleaf
Après 12 ans au pouvoir, Ellen Johnson Sirleaf s’apprête à passer la main. Les Libériens se réuniront le 10 octobre prochain pour élire un nouveau président.
Après deux mandats, la dame de fer du Liberia s’apprête à tirer sa révérence. Portée par son parcours de combattante, sa formation à la prestigieuse université de Harvard et son statut de première femme chef d’État sur le continent (nobélisée en 2011, qui plus est), sa réputation en dehors des frontières du « Lone Star of Africa » est à son apogée. Elle est en revanche plus contrastée à Monrovia.
« À son crédit, la présidente peut se targuer d’avoir préservé la paix, attiré des investisseurs, rebâti un État à partir de rien et fait avancer le chantier crucial des infrastructures », reconnaît un haut fonctionnaire du ministère libérien des Finances.
Accusations de népotisme
« L’état des routes s’est amélioré, notamment sur l’axe vers la Guinée, renchérit l’universitaire Emmanuel Paynes, éditorialiste à Monrovia. L’accès à l’électricité aussi. Et nous avons une liberté d’expression pleine et entière. C’est plus que ce qu’aucun président n’avait jamais fait auparavant ! »
Mais le mandat de Sirleaf reste entaché d’accusations de népotisme du fait des positions tenues par ses fils Charles et Robert, qui ont été respectivement à la tête de la Banque centrale et de la compagnie pétrolière nationale.
« Elle aurait pu également mieux faire en matière de réconciliation, en mettant en œuvre des mesures de réparation, notamment foncières, et lutter plus efficacement contre la corruption », estime le haut fonctionnaire du ministère des Finances.
Enfin, les féministes libériennes Robtel Neajai Pailey et Korto Reeves Williams lui ont reproché, dans une tribune virulente publiée fin août sur les sites internet d’Al Jazeera et de The Conversation, de ne pas avoir fait suffisamment en matière de droit des femmes.
La prochaine élection , un saut dans l’inconnu
Reste qu’à l’approche de l’élection la présidente du Liberia apparaît comme une figure rassurante avant un nouveau saut dans l’inconnu. « C’est pour cela que la plupart des candidats en lice cherchent son soutien, ils connaissent son poids politique », analyse Emmanuel Paynes.
Peu impliquée dans la campagne (elle ne soutient d’ailleurs la candidature de Joseph Boakai, son vice-président, que du bout des lèvres), Ellen Johnson Sirleaf a donné depuis juillet une série d’interviews à des médias anglo-saxons – dont The Guardian, CNN et la BBC – mettant en avant son bilan en matière de sauvegarde de la paix. Peut-être une manière de montrer aux organisations internationales, au sein desquelles elle a longtemps évolué, qu’à 78 ans elle est prête à reprendre du service…
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