Hydrocarbures : avant son offensive régionale, le burkinabè Sodigaz se réorganise

Nouvel actionnaire, restructuration des filiales… Le groupe familial, leader local de la distribution de gaz en bouteilles, veut s’exporter en Afrique de l’Ouest.

L’entreprise a distribué plus de 46	000 tonnes de gaz en 2016. © sodigaz

L’entreprise a distribué plus de 46 000 tonnes de gaz en 2016. © sodigaz

Publié le 17 octobre 2017 Lecture : 4 minutes.

Au début de septembre, Amethis Finance annonçait un investissement d’une dizaine de millions d’euros pour prendre une « participation minoritaire significative » au capital de Sodigaz. D’après nos informations, ce deal, conclu canadienne comme fiscaliste des produits d’assurances en 2005, avant d’être promue analyste financier. Concédant que son retour au pays n’était pas dans son agenda, celle qui dirige aujourd’hui l’entreprise familiale confie avoir « appris le métier du gaz » aux côtés de son père. C’est désormais à elle de poursuivre l’œuvre de ce dernier. Elle peut pour cela s’appuyer sur de solides relais. Son aînée, Yassine, diplômée en informatique, prend la direction générale adjointe, alors que Serge Konseiga, débauché de chez Performances Management Consulting, se voit confier les rênes de la stratégie et le développement du groupe.">à travers Amethis West Africa, un véhicule d’investissement consacré à la zone Cima (Conférence interafricaine des marchés d’assurances) et doté de 40 à 50 millions d’euros, devrait permettre au capital-investisseur de prendre le contrôle de 22 % du leader burkinabè de la distribution de gaz butane, majoritairement détenu par la famille Bolly.

Conduite par les avocats du cabinet parisien CMS et par les conseillers du britannique EY à Abidjan, l’opération prévoit une réorganisation du groupe. Au-delà de l’apport financier, Amethis Finance accompagne Sodigaz dans la mise en place d’une nouvelle gouvernance en vue d’une croissance, avant sa sortie, prévue en 2022.

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Cap sur les autres pays d’Afrique de l’Ouest

Un holding a ainsi vu le jour, rassemblant les actions détenues par la famille Bolly dans Sodigaz mais aussi dans CATB, spécialisé dans le transport international d’hydrocarbures, et dans CTAG – logistique et accessoires de gaz. « L’entrée d’Amethis va nous permettre d’optimiser la rentabilité de ces deux entreprises [qui deviennent des filiales de Sodigaz], qui ont généré un chiffre d’affaires cumulé de plus de 3 milliards de F CFA [4,6 millions d’euros] l’an dernier », explique à Jeune Afrique Lala Bolly, 40 ans, aux commandes de l’entreprise depuis 2014.

Détenant 60 % du marché burkinabè, estimé à plus de 73 000 tonnes en 2016, Sodigaz veut désormais mettre le cap sur les autres pays d’Afrique de l’Ouest. Si le fondateur, Amidou Bolly, qui a fait ses armes chez le géant anglo-néerlandais Shell avant de lancer le groupe en 1987, a bâti l’assise domestique de Sodigaz, sa fille cadette Lala, désormais aux commandes, est animée par une autre ambition : devenir un acteur majeur de la distribution de gaz en Afrique de l’Ouest. Et pour gagner ce pari, Sodigaz compte investir entre 10 et 15 milliards de F CFA au cours des trois prochaines années.

« Nous nous positionnons désormais pour étendre nos activités dans les hydrocarbures », confie Lala Bolly

Il s’agit pour cette entreprise burkinabè d’améliorer ses process pour d’abord continuer de répondre à la demande locale, qui augmente annuellement de 20 %, et pouvoir ensuite attaquer les marchés voisins. « Il est trop tôt pour vous citer des pays. Mais nous nous positionnons désormais pour étendre nos activités dans les hydrocarbures », confie Lala Bolly, qui, pour l’instant, ne souhaite pas communiquer les détails de sa stratégie d’expansion régionale.

Mais, selon nos informations, ce déploiement devrait se concrétiser par l’installation de filiales au Ghana et au Bénin. Seule la Côte d’Ivoire, où la compagnie nationale Petroci domine le marché de la distribution de gaz, n’est pour l’heure pas ciblée. Si Lala Bolly explique vouloir privilégier avant tout les pays où son groupe pourrait jouer un rôle de pionnier, il faut aussi signaler que son choix d’éviter le marché ivoirien peut être lié à la présence de Pétro Ivoire (numéro 2), dans lequel Amethis Finance détient des parts depuis juillet 2013.

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Après les hydrocarbures, le solaire?

Au Burkina Faso, Sodigaz s’est développé grâce à sa politique de réinvestissement des bénéfices. Acteur majeur de la vulgarisation du gaz, le groupe mise sur la proximité avec le consommateur, ce qui lui a valu de grignoter, cinq mois après son lancement, en 1987, une marge de 13 % du marché local, contre 33 % pour Shell à l’époque. Avec plus de 46 000 t de gaz distribuées en 2016, l’entreprise familiale a atteint un chiffre d’affaires de 30 milliards de F CFA, contre 27,9 milliards engrangés un an plutôt.

Disposant déjà de 2 500 points de vente, le groupe, qui s’est diversifié ces dernières années dans la distribution de carburant (avec une dizaine de stations-service à Ouagadougou), entend renforcer son maillage du territoire pour amener le gaz dans les zones reculées. Pour 2017, il prévoit une hausse de 15 % des volumes vendus. Mais l’appétit du groupe familial ne s’arrête plus aux hydrocarbures. Sodigaz prépare activement un autre coup, notamment dans le solaire. Un projet qui, une fois concrétisé, permettra au groupe de franchir un cap important dans son développement.

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Lala Bolly aux manettes

La fille cadette d’Amidou Bolly, fondateur du leader burkinabè de la distribution de gaz en bouteilles, a rejoint l’entreprise familiale en 2011 comme directrice générale adjointe après six ans à la Banque royale du Canada. Diplômée en finance et en comptabilité de l’Université du Québec à Montréal et de l’Université Wilfrid-Laurier, de Waterloo, elle démarre sa carrière au sein de la première banque canadienne comme fiscaliste des produits d’assurances en 2005, avant d’être promue analyste financier.

Concédant que son retour au pays n’était pas dans son agenda, celle qui dirige aujourd’hui l’entreprise familiale confie avoir « appris le métier du gaz » aux côtés de son père. C’est désormais à elle de poursuivre l’œuvre de ce dernier. Elle peut pour cela s’appuyer sur de solides relais. Son aînée, Yassine, diplômée en informatique, prend la direction générale adjointe, alors que Serge Konseiga, débauché de chez Performances Management Consulting, se voit confier les rênes de la stratégie et le développement du groupe.

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