Mehdi Bouaouaja : « Les kadhafistes représentent le maillon manquant de la réconciliation en Libye »

Mehdi Bouaouaja, l’un des avocats tunisiens de Baghdadi Mahmoudi, l’ex-secrétaire général du Congrès général du peuple (CGP) libyen (fonction équivalente à celle de Premier ministre), a répondu aux questions de Jeune Afrique.

L’avocat Mehdi bouaouaja à Tunis le 4 octobre 2017. © Hichem

L’avocat Mehdi bouaouaja à Tunis le 4 octobre 2017. © Hichem

MATHIEU-GALTIER_2024

Publié le 19 octobre 2017 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Au lendemain de son jugement, Baghdadi Mahmoudi était apparu affaibli physiquement et mentalement. Comment est-il aujourd’hui ?

Mehdi Bouaouaja : J’ai été en contact avec lui récemment. Il souffre d’un cancer et d’une dépression, mais il a accès à un traitement. C’est surtout mentalement que les progrès ont été très nets. Il a retrouvé toute sa lucidité. Il est bien traité et réside dans un lieu qui ne ressemble pas à une prison.

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Mais il n’est toujours pas libre…

Oui mais pour des raisons politiques, et non pas judiciaires. Sa lueur d’espoir, c’est l’application de la loi d’amnistie votée par la Chambre des représentants de Tobrouk, qui, je le rappelle, est reconnue par la communauté internationale. Son arrestation, son extradition et sa détention étaient depuis le début illégales.

Baghdadi Mahmoudi a été arrêté en Tunisie, à proximité de la frontière algérienne, au prétexte qu’il y serait entré illégalement. Or j’ai vu son passeport, et il y avait bien le tampon de Ras Jedir [poste-frontière tuniso-libyen]. Ensuite, mon client a été conduit en prison, où il a été interrogé par des agents étrangers. Son extradition, enfin, a eu lieu un dimanche matin [le 24 juin 2012] sans que le président tunisien [alors Moncef Marzouki] en soit informé.

Les cinq hommes réunis peuvent favoriser la stabilisation de la Libye

Qu’allez vous faire ?

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Je vais me rendre en Libye prochainement. Pendant le procès à Tripoli, mes collègues et moi avions pu assister à des audiences, mais sans être autorisés à prendre la parole, ce qui était contraire aux termes de l’extradition. Tant que la Cour suprême n’a pas statué, l’aspect judiciaire est au point mort. Mais maintenant que la situation se débloque, un juge d’instruction français pourrait ouvrir un dossier judiciaire et demander à rencontrer mon client, lequel souhaite un vrai procès équitable. D’ailleurs, je sais qu’il écrit en ce moment…

Peut-il avoir un avenir ?

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Lui tout seul, je ne sais pas, mais les cinq hommes réunis peuvent favoriser la stabilisation de la Libye. Ils représentent le maillon manquant de la réconciliation. J’invite Ghassan Salamé [le chef de la mission de l’ONU en Libye] à les rencontrer et à parler avec eux. Ils connaissent mieux la Libye que les interlocuteurs actuels, lesquels étaient à l’étranger ou en prison pendant des années [allusion à Khalifa Haftar, exilé aux États-Unis, et aux dirigeants islamistes emprisonnés par Kadhafi].

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