« This Is Congo » : le documentaire qui fait revivre le combat du colonel Mamadou Ndala contre le M23

Le documentaire This Is Congo, présenté à Venise, s’intéresse au défunt colonel de l’armée congolaise Mamadou Ndala. Malgré des lacunes, le film recèle quelques séquences exceptionnelles.

Le cercueil du colonel Mamadou Ndala, entouré de ses hommes, avant d’être convoyé vers Kinshasa, le 3 janvier 2014. © Joseph Kay/AP/SIPA

Le cercueil du colonel Mamadou Ndala, entouré de ses hommes, avant d’être convoyé vers Kinshasa, le 3 janvier 2014. © Joseph Kay/AP/SIPA

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 20 octobre 2017 Lecture : 2 minutes.

Des collines où paissent de paisibles troupeaux de vaches émergent des nuages. Les paysages du Masisi, sur lesquels s’ouvre This Is Congo, ont des airs de paradis. Le colonel Mamadou Ndala, « héros » et « martyr » de l’armée congolaise, y apparaît tel un prophète, un berger veillant sur ses ouailles. Mais, depuis vingt-quatre ans, cette magnifique région vit en réalité l’enfer d’un interminable cycle de guerre qui a donné lieu à d’impressionnantes batailles, saisies par le réalisateur, Daniel McCabe, au cours de ses trois années d’allers-retours entre les États-Unis (son pays) et la RD Congo. Ce photographe de guerre, reconverti dans la vidéo sans avoir perdu son sens du cadre, nous emmène au plus près du front pendant de très longues minutes. Assez près pour capter, par exemple, l’indiscipline et la désorganisation de la troupe sous la mitraille…

This Is Congo s’intéresse au destin d’une marchande de minerais, d’un couturier réfugié et, surtout, à celui de Mamadou Ndala, que l’on suit avec ses hommes, dans sa lutte contre l’une des rébellions les plus emblématiques de ces dernières années : le Mouvement du 23-Mars (M23).

Le documentaire de quatre-vingt-treize minutes entend, au fond, analyser les causes du conflit

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Même si, à vrai dire, ce groupe armé n’est plus actif (né en avril 2012, il a été défait en novembre 2013), ni réellement typique des milices faiblement structurées qui subsistent dans cette partie du pays.

Un documentaire qui se veut pédagogique

Le documentaire de quatre-vingt-treize minutes entend, au fond, analyser les causes du conflit. Une tâche d’autant plus ardue que ces dernières sont multiples et enchevêtrées : historiques, politiques, diplomatiques, économiques – le trafic de minerais dont la région regorge – autant qu’identitaires.

Se voulant pédagogique, il ne remplit qu’à moitié son objectif. Ses fastidieuses plongées dans les images d’archives opèrent des raccourcis gênants. Il fait, par exemple, du génocide des Tutsis, en 1994, la conséquence directe du sentiment de revanche des Hutus à la fin de la colonisation belge.

Trois décennies de gouvernement postcolonial et sa radicalisation finale sont effacées. Regrettable aussi le fait qu’il ne montre pas non plus le rôle, central, qu’a joué la brigade d’intervention de l’ONU aux côtés de l’armée congolaise dans sa victoire contre le M23.

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Mamadou Ndala mis en lumière

This Is Congo n’en reste pas moins bâti sur un matériau exceptionnel et peut nourrir de légitimes ambitions cinématographiques – il a été projeté, hors compétition, à la Mostra de Venise, en septembre.

Peut-être aurait-il pu être plus réussi si le réalisateur avait opté pour des choix scénaristiques radicaux, comme de faire un portrait du charismatique et complexe Mamadou Ndala.

Mamadou Ndala est en effet tombé dans une embuscade, le 2 janvier 2014. Victime, sans doute, de ses propres frères d’armes

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Certaines séquences, loin du champ de bataille, présentent un intérêt historique et politique majeur, mettant en évidence à quel point la popularité de l’officier congolais gênait le pouvoir central, lequel faisait tout pour s’arroger la paternité de ses victoires.

« Nous avons un temps pensé à centrer le film sur lui, confie Daniel McCabe. Mais nous n’avions tout simplement pas assez d’images. »

Mamadou Ndala est en effet tombé dans une embuscade, le 2 janvier 2014. Victime, sans doute, de ses propres frères d’armes.

Prochaines projections :

  • 29 octobre à Naples (Italie)
  • 8 novembre à Nairobi (Kenya)
  • 12 novembre à New-York (Etats-Unis)
  • Entre le 18 et le 21 novembre à Amsterdam (Pays-Bas)

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