Nigeria : Olusegun Obasanjo, un businessman avisé et assumé

Fermier, hôtelier et promoteur immobilier, « Baba » ne chôme pas. Et vient même d’inaugurer un musée à sa gloire.

« Sa » bibliothèque, inaugurée au début de l’année, a coûté plusieurs millions d’euros. © OOPL

« Sa » bibliothèque, inaugurée au début de l’année, a coûté plusieurs millions d’euros. © OOPL

Publié le 26 octobre 2017 Lecture : 2 minutes.

Son goût des affaires et son côté terre à terre, Olusegun Obasanjo les a toujours revendiqués. Arrivé à la tête de l’État en 1976 à la suite de l’assassinat de son mentor Murtala Muhammed par des putschistes, il l’a quittée de son plein gré trois ans plus tard. Il est alors devenu le premier président nigérian à rendre volontairement le pouvoir aux civils.

D’emblée, il annonce qu’il va se consacrer à sa vraie passion : l’agriculture. Dans sa ferme d’Otta, il élève des poulets, des autruches et des cochons. Il affirme en 2004 que ses exploitations lui rapportent quelque 250 000 dollars (plus de 183 000 euros) par jour.

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Fervent partisan du capitalisme et fasciné par l’esprit d’entreprise made in America, il a largement privatisé l’économie pendant ses deux mandats suivants, de 1999 à 2007. Et la fortune des Nigérians les plus riches a considérablement augmenté.

« Baba » a inauguré en 2017 sa bibliothèque présidentielle, la « première en Afrique »

Obasanjo possède par ailleurs le Green Legacy Resort, l’un des plus beaux hôtels d’Abeokuta (120 euros la nuit minimum), qui accueille régulièrement des conférences et des séminaires.

Dans la capitale de cette région, où il est né, il a également acquis une vaste propriété qui en domine la plus belle colline, Hill Top. Surnommé Baba (« le père »), Obasanjo est toujours à l’affût d’une bonne affaire immobilière dans sa région natale. « Il contacte régulièrement le gouverneur de l’État pour savoir s’il ne pourrait pas acheter à bon prix telle ou telle parcelle », s’agace l’un des proches de l’élu.

Un musée consacré à sa vie

« Baba » a inauguré en 2017 sa bibliothèque présidentielle, la « première en Afrique ». En mars, à l’occasion de son anniversaire, il a ouvert un musée consacré à sa vie et à son œuvre qui a coûté plusieurs millions de dollars. Ce projet a notamment été financé par des amis milliardaires, dont Aliko Dangote.

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L’ancien chef d’État et l’homme le plus riche d’Afrique sont très liés depuis plus de trente ans. « Obasanjo a énormément aidé Dangote à devenir riche et puissant », note un homme d’affaires lagotien. Il ajoute : « Dangote sait tout ce qu’il doit à Obasanjo et ne lui refuse pas grand-chose. »

Outre le musée, la bibliothèque présidentielle regroupe de superbes salles de conférences, des restaurants, une piscine, un parc, des terrains de squash et de tennis.

L’un des clous du musée est la salle où l’on explique aux enfants que « the sky is the limit »

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Un zoo vient même d’ouvrir ses portes. La visite du musée est payante (5 000 nairas, soit environ 10 euros). Trop cher pour la majorité de la population, qui vit avec moins de 2 dollars par jour.

L’un des clous du musée est la salle où l’on explique aux enfants que « the sky is the limit » (« le ciel est la seule limite », c’est-à-dire qu’ils peuvent s’autoriser toutes les ambitions, que rien ne leur est impossible).

Une voix paternelle leur assure qu’ils peuvent devenir ce qu’ils souhaitent : médecin ou footballeur. Pour donner de la consistance à leur rêve, ils doivent se prendre en photo avec la blouse de l’un ou le maillot de l’autre. Seule condition : acquérir le vêtement en question, vendu par « Baba ». À 80 ans, Obasanjo n’a rien perdu du sens des affaires.

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