Qui est Uri Davis, ce Palestinien d’origine juive israélienne diplomate du Fatah en Afrique ?
Une délégation palestinienne a effectué une tournée en Afrique pour répliquer à l’offensive de charme de Tel-Aviv. À sa tête, une figure atypique.
«C’est un premier pas réussi, mais il reste du travail pour faire comprendre aux capitales africaines qu’il n’est pas pertinent d’ouvrir grand les portes à Israël alors que la perspective de deux États n’a jamais été aussi incertaine », commente un diplomate palestinien en poste à Dakar à propos de la tournée continentale qu’y a achevée le 10 octobre une délégation du Fatah venue de Cisjordanie pour répliquer aux offensives de charme du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, qui courtisait au sommet de la Cedeao à Monrovia, en juin, les chefs d’État régionaux.
De l’Éthiopie au Sénégal en passant par la Tanzanie, la Zambie, le Zimbabwe, le Mozambique, l’Afrique du Sud et le Ghana, les délégués se sont adressés aux partis gouvernementaux pour conserver à la Palestine l’avantage de son statut d’observateur à l’Union africaine, statut qu’Israël réclame pour lui jusqu’ici en vain. Et aussi s’assurer que le sommet Afrique-Israël prévu en octobre au Togo, mais reporté sine die, ne se ferait pas.
Il lutte contre « l’apartheid » en Palestine
À la tête de la délégation, une figure pour le moins atypique : Uri Davis, membre depuis 2009 du conseil révolutionnaire du Fatah, né en 1943 à Jérusalem de parents juifs, eux-mêmes originaires de Grande-Bretagne et de Tchécoslovaquie. Dénoncé comme traître par les Israéliens, il se définit comme un « Hébreu palestinien ». Pacifiste de gauche pendant sa jeunesse, il fut l’un des premiers objecteurs de conscience en Israël. Son idée de l’action politique évolue de la non-violence de Gandhi à la résistance, physique si nécessaire, de Nelson Mandela.
Le combat de l’ANC contre le régime raciste sud-africain devient sa référence. Il publie en 1987 l’essai Israël : un État d’apartheid. Depuis, l’Afrique du Sud est devenue la nation Arc-en-Ciel, et la position de Davis, qui passait pour excessive, est aujourd’hui largement partagée. « Beaucoup d’États en Afrique n’ont pas conscience de la réalité de cet apartheid, et la voix d’Uri Davis – que l’on ne saurait soupçonner d’être antisémite ou violent – était la bonne pour faire passer ce message », remarque le diplomate à Dakar.
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