Ceci est mon corps : quand les artistes donnent de la voix face aux violences sexuelles
Chaque jour qui passe apporte son lot de témoignages : le patriarcat a la vie dure, et les femmes, trop souvent, sont victimes du pouvoir des hommes. Face à ceux qui entendent régner sur les libertés des autres et dicter leur conduite, des artistes engagé(e)s élèvent la voix. Écoutons-les.
Corps et sexualité : où en est l’Afrique?
Alors que l’affaire Harvey Weinstein a – en partie – libéré la parole des victimes de harcèlement et de violences sexuelles, Jeune Afrique se penche sur le regard que les artistes, écrivains, cinéastes ou plasticiens, portent sur le corps. Le leur, et celui des autres.
#metoo. #balancetonporc. #quellavoltache. L’affaire Harvey Weinstein, du nom de ce magnat de Hollywood qui utilisait son pouvoir pour obtenir des faveurs sexuelles, a suscité sur les réseaux sociaux une soudaine libération de la parole quant aux comportements déplacés de certains hommes.
L’ampleur du phénomène ne surprendra que ceux qui portent des œillères : partout, sans cesse, des hommes abusent d’une position dominante qu’ils défendent farouchement. Un sifflement dans la rue, une invitation déplacée, une remarque liée au physique, une blague graveleuse, rares sont les femmes qui n’ont pas une ou plusieurs « anecdotes » à raconter en la matière.
Le harcèlement reflète l’oppression de corps constitués sur les corps individuels
Mais, précisément, le harcèlement, les agressions sexuelles, les paroles et les gestes déplacés n’ont rien d’anecdotique, ils sont l’expression d’une violence s’exerçant au quotidien, d’une impunité scandaleuse. Au-delà des histoires individuelles, ils reflètent aussi l’oppression de corps constitués – armées, Églises, entreprises, États, partis politiques, polices, etc. – qui entendent exercer leur contrôle sur les corps individuels, et en particulier sur celui des femmes
Les artistes aussi dénoncent le problème
Face à cette mainmise, les artistes ont souvent été les premiers à élever la voix. Écrivains, cinéastes, plasticiens s’emparent du réel, le malaxent, le décortiquent et cherchent, à travers leurs œuvres, à défendre des libertés bafouées.
C’est ce que font la Tunisienne Kaouther Ben Hania avec son film La Belle et la Meute, le Nigérian Richard Akuson avec son webzine, A Nasty Boy, la Zimbabwéenne Kudzanai-Violet Hwami avec ses vastes peintures exposées par la Tyburn Gallery, à Londres, et les auteurs comme Sofia Bentounes, Nadia El Bouga ou Leïla Slimani.
Il s’agit de rompre un silence pesant, d’en finir avec des pratiques d’un autre âge. Peut-être faudra-t-il beaucoup de temps pour que ces femmes (et ces hommes) engagées parviennent à venir à bout du patriarcat, qui gouverne le monde. Mais ce sont les premiers pas qui comptent.
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