Maroc : un campus à Casablanca et un diplôme d’ingénieurs valable en France

L’EIGSI est la première école à proposer parallèlement en France et au Maroc la même formation. Un atout sur lequel elle mise pour attirer les étudiants subsahariens.

L’antenne de l’institution rochelaise a ouvert en 2006. © EIGSI

L’antenne de l’institution rochelaise a ouvert en 2006. © EIGSI

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Publié le 1 novembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Cours d’informatique avec des élèves de l’école Rhodes Park School, Lusaka, Zambie. © GTP Zambia Team 2_resize/Flickr
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Étudier cinq ans au Maroc pour finalement obtenir un diplôme d’ingénieur… français. C’est une opportunité désormais possible avec l’antenne de Casablanca de l’École d’ingénieurs généralistes et des systèmes industriels (EIGSI).

En juillet dernier, l’école privée de La Rochelle, installée depuis 2006 dans le royaume chérifien, a été la première à recevoir l’habilitation de son diplôme sur un campus à l’étranger auprès de la Commission des titres de l’ingénieur (CTI), un organisme indépendant, situé en France et constitué d’universitaires et d’entreprises privées.

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Obligation de passer deux ans en France

Un pas de plus pour cette école charentaise qui a, depuis 2004, fait de l’internationalisation l’un de ses axes stratégiques de développement. Si elle a noué des partenariats avec une trentaine d’écoles dans le monde entier, son campus de La Rochelle accueille aujourd’hui 22% d’étudiants étrangers (sur un effectif total de 1 000 élèves).

Un double diplôme, à la fois français et marocain, était déjà attribué, mais à la condition que les étudiants passent au moins deux ans dans l’Hexagone.

Le campus vise un objectif de 500 personnes à l’horizon 2022

Au Maroc, l’EIGSI n’est pas le seul établissement à pouvoir délivrer un diplôme d’ingénieur. Sa concurrente, Centrale Casablanca, fondée en 2013, attribue de son côté un diplôme marocain d’ingénieur qui doit ensuite être accrédité par la CTI pour être valable en France. « Mais les chances que la procédure aboutisse sont moins élevées », selon Sylvain Orsat, directeur général de l’école.

Des critères identiques

Pour obtenir l’habilitation, l’EIGSI a dû mettre en place une gouvernance et une direction d’étude communes, un programme de formation similaire dans les deux pays comprenant des stages obligatoires, neuf spécialisations (logistique, management des systèmes d’information, énergie et environnement, mécatronique, BTP, etc.) et un jury de fin d’études. « Il fallait avoir des critères d’obtention du diplôme identiques », souligne le directeur général.

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Pour l’occasion, l’école a dû déménager l’an dernier dans de nouveaux locaux (4 700 m2) comprenant quatre amphithéâtres et sept laboratoires. Le montant des investissements s’élève à 5 millions d’euros, entièrement financés par l’établissement, qui dans un souci d’indépendance a préféré ne pas faire appel à d’autres partenaires, qu’ils soient publics ou privés. Ce nouveau campus, qui accueille actuellement 150 étudiants, vise un objectif de 500 personnes à l’horizon 2022.

Former des ingénieurs pour le Maroc

Bonne maîtrise de la langue de Molière, très bon niveau au bac dans les matières scientifiques, d’une part, prévisions de croissance revues à la hausse, avoisinant 4 %, d’autre part… Le choix du Maroc s’est vite imposé pour l’EIGSI.

L’établissement a signé des partenariats au Bénin et au Sénégal

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Mais deux autres facteurs ont aussi pesé dans la balance : l’ambition de Rabat de former 10 000 ingénieurs pour répondre à la demande des entreprises sur place – comme les constructeurs français Peugeot et Renault – et la situation stratégique du pays entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne. Enfin, le fait que, selon les chiffres avancés par Sylvain Orsat, le nombre d’étudiants au sud du Sahara va passer de 8 à 20 millions d’ici à 2030 n’est pas étranger à cette décision.

Ambitions subsahariennes

Les ressortissants subsahariens représentent actuellement un tiers des inscrits sur le campus marocain, contre 20 % l’an dernier. À terme, Sylvain Orsat espère atteindre un taux de 50 %. Pour ce faire, il mise sur les facilités qu’offre le campus de Casablanca par rapport à celui de La Rochelle : des démarches administratives simplifiées, des frais de scolarité réduits (moins de 5 000 euros contre 6 800 euros en Charente-Maritime), associés à un coût de la vie moindre.

Mais l’établissement voit déjà plus loin et a signé des partenariats avec des classes préparatoires au Bénin et au Sénégal en vue de favoriser l’intégration des futurs ingénieurs africains.

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