Littérature : et il est comment le dernier… Kangni Alem ?

Brésil, Afrique. Cette fascination qui hante les écrivains du golfe de Guinée féconde une fois de plus l’œuvre du Togolais Kangni Alem, qui publie « Les Enfants du Brésil ». Il avait déjà abordé ce thème essentiel de la littérature africaine dans Esclaves.

Les Enfants du Brésil, de Kangni Alem, Frat Mat Éditions, 198 pages, 4	000 F CFA

Les Enfants du Brésil, de Kangni Alem, Frat Mat Éditions, 198 pages, 4 000 F CFA

Publié le 7 novembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Avant Kangni Alem, le romancier béninois Florent Couao-Zotti nous avait livré Les Fantômes du Brésil, émouvant récit des amours impossibles entre une descendante de Brésilien du Bénin et un jeune homme du cru. Un Roméo et Juliette à Cotonou…

Chez Kangni Alem, l’amour est également omniprésent. Son archéologue africain s’amourache d’une Brésilienne blanche qui connaît ses origines noires et veut comprendre l’Afrique. Quoi de mieux pour cela que de tomber entre les mains d’un érudit de Lomé ! En tout cas, c’est ainsi qu’Alem imagine la romance qui se noue entre les deux rives de l’Atlantique.

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Traite négrière

Plus que l’intrigue, somme toute classique, c’est l’errance de cet homme à la dérive, en quête d’une identité fantasmée qui fait tout l’intérêt du roman : le voilà entraîné par des courants violents et contradictoires au gré des fantaisies de l’Atlantique et de ses épaves, stigmates de la traite négrière.

Quelle idée de vouloir demander aux esclavagistes d’écrire l’histoire à la place de l’esclave ?

Arrivera-t-il à accepter le fait qu’il a lui aussi des ancêtres esclaves ? Que l’histoire est douloureuse des deux côtés de l’Atlantique ? Du Nord au Sud ? « Certaines réticences sont motivées par des conclusions que l’on sait certaines, et la France et la Suède se sont toujours révélées en la matière être des pays où tout ce qui touche à la participation de leurs citoyens à l’esclavage relève d’un tabou solide », souligne Kangni Alem.

Travail de mémoire

Tout à la fois romancier et essayiste, l’écrivain invite les Africains et les Brésiliens à effectuer eux-mêmes le travail de mémoire : « La maxime chrétienne, chez ces peuples (européens), a encore de beaux jours devant elle : laissez les morts enterrer leurs morts ! Juste une question d’amour de soi et de logique de domination. D’ailleurs, quelle idée de vouloir demander aux esclavagistes d’écrire l’histoire à la place de l’esclave ? N’appartient-il pas à ce dernier de remonter le cours du temps, de redescendre dans les abysses de sa douloureuse mémoire pour en exhumer les débris poisseux, les preuves irréfutables de sa dislocation, conséquence directe de l’humiliation imposée ? »

Même s’il comporte des hauts et des bas, comme moult voyages au long cours, ce périple conserve le goût de l’authentique. Après avoir emprunté bien des chemins de traverse, Alem nous conduit finalement à bon port.

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