RDC : les derniers barons belges, héritiers de la Belgafrique

Dans les années 1970, sous Mobutu, la « zaïrianisation » de l’économie a fait fuir la plupart des barons belges de l’économie de la RDC. Mais ceux dont le parcours et surtout la fortune étaient indissociables du pays sont restés.

Le plus emblématique des Barons Belges reste George Forrest, surnommé le vice-roi du Katanga, ici en 2006. © BENOIT DOPPAGNE/BELGA/AFP

Le plus emblématique des Barons Belges reste George Forrest, surnommé le vice-roi du Katanga, ici en 2006. © BENOIT DOPPAGNE/BELGA/AFP

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Publié le 16 novembre 2017 Lecture : 2 minutes.

 © Antoine Moreau Dusault pour JA
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Belgique – RDC : que reste-t-il de la Belgafrique ?

Plus d’un demi siècle après l’indépendance, les liens entre la RDC et l’ancien colonisateur sont complexes et les relations parfois tumultueuses. Le point sur ce qu’il reste encore de la «Belgafrique ».

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Parmi ces barons belges, le plus emblématique est évidemment George Forrest (photo), né à Lubumbashi en 1940, surnommé le vice-roi du Katanga, qui a bâti un empire à partir du secteur minier. Même s’il s’en défend, ce franc-maçon d’origine néo-zélandaise, naturalisé belge tardivement, en 1994, a résisté à tous les soubresauts de l’histoire congolaise en cultivant des relations controversées dans le monde politique à Kinshasa et à Lubumbashi, chez Kabila comme dans l’opposition, mais aussi à Bruxelles, notamment avec l’ancien ministre et commissaire européen Louis Michel, ou d’autres hommes d’affaires célèbres comme le milliardaire Albert Frère et Daniel Wouters.

Banquier passé par Fortis, dont il pilotait une partie des affaires africaines, ce dernier a récemment été cité dans l’affaire Uramin. Si George Forrest garde un œil sur ses activités, il a désormais passé les manettes du groupe familial à son fils Malta Forrest, comme lui formé à l’Université libre de Bruxelles (ULB).

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Même si son siège est installé à Wavre, dans la grande banlieue francophone du sud de Bruxelles, dans le Brabant wallon, Groupe Forrest International (GFI) a accéléré sa diversification dans une multitude de secteurs, avec une préférence pour le BTP et l’énergie, mais reste géographiquement concentré sur la RD Congo.

Proximité avec le pouvoir

D’une autre génération (né en 1967) mais tout aussi controversé pour sa proximité supposée avec le président Joseph Kabila – qu’il réfute – et également élevé à Lubumbashi, Philippe de Moerloose a quant à lui fait fortune dans l’importation de véhicules dans son pays d’adoption. Installé à Wavre, il a revendu au marocain Optorg son réseau de distribution automobile, mais garde une activité centrée sur le continent avec SDA, une société de distribution de camions, d’engins de chantier et miniers (468 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2016), présente dans plus de 25 pays africains et trois pays européens.

Toutes les sociétés belges actives sur le continent ne sont pas menées par des anciens « Belges du Congo »

Il est aussi actif via sa filiale African Equities (environ 30 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2016), qui a investi exclusivement en RD Congo, et propriétaire, entre autres, de la Grande Cimenterie du Katanga (GCK), de l’hôtel Grand Karavia de Lubumbashi, de la moitié du capital du Grand Hôtel de Kinshasa (avec l’État) et de Dematco, qui a bâti la nouvelle ambassade de Belgique à Kinshasa.

Mais toutes les sociétés belges actives sur le continent ne sont pas menées par des anciens « Belges du Congo » controversés et n’ont pas la RD Congo comme pays de prédilection. Ainsi Vecturis, spécialiste reconnu du transport ferroviaire en Afrique, fondé en 2006 par Eric Peiffer et Patrick Claes, accompagne la Société nationale des chemins de fer congolais (SNCC), mais aussi Madarail à Madagascar, la Setrag au Gabon, ainsi que des projets en Angola et en Tanzanie.

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Autre exemple, dans l’agro-industrie, le groupe bruxellois Siat, fondé en 1991 par la famille Vandebeeck, qui exploite pas moins de 63 000 ha d’hévéas et de palmiers à huile au Nigeria, au Ghana, au Gabon et en Côte d’Ivoire.

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